La faiblesse des cours du pétrole persistera en 2015 et s’accompagnera d’importants rééquilibrages des revenus réels au détriment des pays exportateurs de pétrole, note un rapport de la Banque mondiale.
Même si les analyses effectuées en Tunisie ( BCT en décembre 2014) annoncent que la baisse des prix de pétrole brut sur les marchés internationaux avait un faible impact sur l’économie et la croissance, la Banque mondiale soutient une thèse tout à fait différente dans sa dernières édition des perspectives économiques mondiales publiée le 13 janvier courant.
En effet, la BCT estime l’impact de cette baisse limité sur le déficit de la balance énergétique et ce en relation avec l’accroissement des quantités importées et la baisse des quantités exportées et la forte dépréciation du dinar face au dollar de 3,3% au cours des 11 premiers mois de 2014. Cette analyse impute cela à la part de pétrole brut (dont le prix a subi une forte baisse sur les marchés internationaux comparativement aux autres produits énergétiques) dans la structure des exportations qui est plus importante que les importations (65% contre 20%)
Pour la Banque mondiale, le fléchissement des cours du pétrole s’explique par un ensemble de facteurs, à l’instar de hausses imprévues de l’offre de pétrole et de baisses inattendues de la demande, de l’atténuation des risques géopolitiques dans certaines régions du monde ; la modification sensible des objectifs stratégiques de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et la hausse du dollar des États-Unis. Même s’il est difficile de déterminer l’influence respective des diverses forces à l’origine de la récente chute des cours pétroliers, il semble que les facteurs liés à l’offre ont joué un rôle prédominant.
Pour l’institution financière mondiale, il est probable que la faiblesse des cours du pétrole persiste en 2015 et s’accompagne d’importants rééquilibrages des revenus réels au détriment des pays exportateurs de pétrole et au profit des pays importateurs. Dans de nombreux pays importateurs, la baisse des cours contribue à stimuler la croissance et à réduire les pressions inflationnistes, extérieures et budgétaires.
L’impératif de réformes budgétaires structurelles
Néanmoins, note le rapport de la Banque sur les perspectives économiques mondiales, les faiblesses des cours pétroliers sont susceptibles de poser de sérieux problèmes aux principaux pays exportateurs de pétrole, qui seront pénalisés par l’affaiblissement de leurs perspectives de croissance, de leur situation budgétaire et de leur position extérieure. Si le tassement des prix pétroliers persiste, il risque aussi de compromettre les investissements dans la prospection et l’exploitation de nouveaux gisements.
La chute du prix du brut est l’occasion pour les pouvoirs publics des pays en développement importateurs de pétrole, de procéder à des réformes budgétaires et structurelles et de financer des programmes sociaux. La forte baisse des cours vient rappeler aux pays exportateurs de pétrole, que toute activité économique fortement concentrée présente des facteurs de vulnérabilité commandant de diversifier les activités à moyen et à long terme.
Outre l’analyse sur le prix du pétrole, les perspectives économiques mondiales contiennent deux études spécifiquement consacrées aux effets de l’évolution des échanges commerciaux internationaux et des envois de fonds sur les pays en développement.
Il est à noter que les échanges commerciaux mondiaux ont augmenté de moins de 3,5 % en 2012 et 2013. Bien inférieure au taux annuel moyen de 7 % enregistré avant la crise, cette tendance a freiné la croissance des pays en développement ces dernières années.
La faiblesse de la demande — principalement en matière d’investissements, mais aussi au plan de la consommation — est l’une des principales causes du ralentissement de la croissance des échanges commerciaux.
Les facteurs à long terme qui pèsent sur le commerce modèleront aussi les courants d’échanges dans les années à venir : la reprise prévue de la croissance mondiale ne s’accompagnera probablement pas d’une rapide progression des échanges commerciaux similaire à l’accélération observée dans les années antérieures à la crise, conclut l’analyse sur les perspectives économiques mondiales.
S.K