La semaine a été marquée par les nombreuses manifestations et déclarations hostiles à Néji Jalloul, ministre de l’Éducation. Après la colère de la rue, incarnée par des manifestants ayant envahi l’espace devant le siège du ministère (plus de bruit qu’autre chose), le ton est monté à l’ARP, lors de la dernière séance plénière, consacrée au vote du budget 2017 du ministère de l’éducation.
Samia Abbou était la première à passer à l’attaque, accusant le ministre d’être intervenu dans la nomination de son propre frère à la tête de la commission de l’école numérique. Poursuivant son élan, la députée s’est même risquée à prévoir l’échec du projet de l’école numérique de Néji Jalloul, « quel que soit le génie du ministre ».
D’autres députés, à l’exemple de la nidaïste Héla Omrane, ont pris la défense du ministre, fustigeant l’impolitesse dont il a été victime. Elle considère, d’un autre côté, que les revendications matérielles des enseignants sont infondées. « Où l’Etat va-t-il trouver l’argent pour les assurer », s’est-elle interrogée. Et d’ajouter, concernant les syndicalistes: « Après Saïd Aidi, ce sera donc au tour de Néji Jalloul ».
A qui profitera la chute de Néji Jalloul ? Certains analystes et sociologues pensent que le parti Ennahdha serait derrière cet acharnement contre le ministre. « Quoi de plus normal », selon eux, étant donné que Néji Jalloul est porteur d’idées qui « vont à l’encontre de la logique islamiste ». On pense, notamment, au soutien aux activités culturelles au sein des écoles.
Sans vouloir se mettre dans la peau de l’avocat du diable, Néji Jalloul a apporté une certaine dynamique à l’éducation tunisienne, même si, hélàs, il est difficile d’en apprécier les résultats. Des témoignages livrés à Réalités Online, de la part d’un nombre de fonctionnaires d’écoles et de lycées de la banlieue Nord de Tunis, rapportent que les professeurs de leurs établissements s’opposent au ministre, uniquement car « il leur a imposés un rythme de travail plus soutenu »…
A quoi un parent d’élève peut-il s’attendre, en apprenant de tels témoignages, et en entendant les grossièretés formulées par les manifestants anti-Jalloul ? Que peut espérer un parent d’élève, subissant le clientèlisme imposé par des instituteurs continuant d’enfreindre les lois et proposant des cours particuliers à des tarifs exorbitants ?
Tant de questions qui ont le mérite d’être posées. On accuse souvent les journalistes de diaboliser les professeurs et les syndicats. Loin de là. Ce sont, en réalité, ces mêmes acteurs qui se diabolisent eux-mêmes… Et en attendant les réponses, la dégringolade de notre système scolaire se poursuit.
M.F.K