Le parti de Rached Ghannouchi ne cesse de souffler le chaud et le froid. Ses dirigeants allant, chacun, de sa déclaration.
Entre ceux qui avancent que leur parti soutiendra le gouvernement d’union nationale et ceux qui revendiquent des portefeuilles ministériels à la hauteur du poids politique du mouvement, une troisième voix se fait entendre pour menacer de se retirer au cas où ils n’obtiendraient pas satisfaction.
Bref, c’est Youssef Chahed qui subit et la Tunisie qui paie la facture.
Le chef du gouvernement désigné ne cesse de se heurter aux réticences des uns, aux pressions d’autres et aux menaces camouflées de réserves d’Ennahdha qui refuse d’accepter les ministères qui lui sont proposés.
On est loin des premières déclarations d’intentions du président du mouvement et de certains de ses adjoints quant à la composition du gouvernement et pour lesquels seul comptait le respect du « Pacte de Carthage » dont personne ou presque ne parle plus.
On ne dissertera pas trop sur la pression que subit Chahed. On ne spéculera pas non plus sur son entrevue « imprévue » avec son mentor, Beji Caïd Essebsi, qui ne semble pas avoir résolu pour autant certaines questions ni atténué, du moins pour le moment, un tant soit peu les tensions et autres pressions.
Les questions qui se posent aujourd’hui en toute logique, alors que tout le monde pense que tout a été ficelé par les deux grands chefs, BCE et le Cheikh, qu’en est-il réellement de leur cohésion et entente apparentes ?
Si Cheikh Rached était d’accord sur le profil du chef du gouvernement désigné, pourquoi ses « camarades » lui mettent-ils les bâtons dans les roues alors que la direction du mouvement fait montre d’une grande volonté de terminer ce processus rapidement et de tourner définitivement la page du gouvernement Essid ? Si comme ça été affirmé lors des concertations sur l’initiative présidentielle, ce qui compte c’est de faire démarrer la machine Tunisie, pourquoi ces tergiversations de dernière minutes à travers les déclarations de ceux-là même qui avaient échoué quand ils faisaient partie du gouvernement de la Troika et qui ont été écartés, sciemment ou pas, par le chef de leur parti de la liste des candidats ? Sinon comment expliquer les déclarations successives d’un Mohamed Ben Salem dévoilant le mécontentement d’Ennahdha de la part du gâteau qui lui a été attribuée ? Trois ministères et deux secrétariats d’Etat c’est trop peu ! (sic). Ce qui n’est pas pour plaire à l’ancien ministre de l’agriculture qui affirme que si les choix de Chahed se poursuivaient ainsi, Ennahdha ne participera pas au gouvernement.(Re-sic). « Mais… », puisqu’il y a toujours un mais, « nous soutiendrons politiquement ce gouvernement pour préserver la stabilité du pays ». La Tunisie vous remercie.
Pour l’histoire, Ennahdha exige le ministère des technologies de la communication et de l’économie numérique et celui de l’industrie. Que de grands dossiers à gérer.
Les prochaines heures apporteront leurs lots de « nouvelles ».
Les rumeurs les plus folles continueront à courir.
F.B