A quoi servent les conseils d’administration ?

Le rapport d’audit relatif aux deux banques publiques, STB et BH, qui comporte 1000 pages environ, impute la situation catastrophique à laquelle sont parvenues ces deux banques au cumul, durant dix ans, de la mauvaise gestion, du non-respect des normes prudentielles et de la suspicion d’opérations de corruption.

Les mauvaises langues disent que les conseils d’administration sont faits pour servir des “jetons de présence” plus ou moins généreux aux administrateurs, mais aussi, donner un certain prestige à de grands commis de l’Etat qui pourront arborer sur leur carte de visite : “administrateur de telle ou telle banque” ou encore “administrateur de telle ou telle grande entreprise étatique”.
La fonction d’administrateur a besoin d’être revalorisée et réhabilitée pour assumer pleinement son rôle dans la gouvernance des entreprises publiques en particulier.
Selon la loi, la responsabilité pénale des administrateurs est engagée lorsqu’il y a des défaillances en matière de gestion.
En fait, ce qui se passe dans la réalité, c’est que les administrateurs délèguent leur pouvoir au président directeur général pour gérer l’entreprise et lui font confiance pour soulager leur conscience notamment dans les entreprises publiques. Alors ils se contentent d’assister aux réunions et d’entériner les propositions du PDG.
Il faut savoir que les administrateurs ne siègent pas au conseil pour entériner toutes les décisions de leur président, mais pour assumer leurs responsabilités en prenant les mesures nécessaires et veiller sur leur exécution pour la réussite et la prospérité de l’entreprise.
Il y a une responsabilité collégiale à assumer et ne pas laisser le directeur général gérer à sa guise et entrainer l’entreprise vers la faillite.
Il faut savoir d’abord, comment se fait la nomination des administrateurs dans les banques publiques ? Ou dans les grandes entreprises et sociétés nationales ?
Le ou les ministères de tutelle désignent chacun un ou deux administrateurs, choisis parmi les directeurs généraux du ministère, il y a toujours un représentant de ministère des Finances, de la présidence du gouvernement…
Ces administrateurs ne sont pas toujours désignés selon leur compétence ou leur pertinence, mais en fonction de l’ancienneté, des relations d’amitié ou d’appartenance à une famille ou un parti politique. Il s’agit, avant la retraite, de permettre à un haut fonctionnaire d’améliorer ses revenus, car il continue d’assurer ses fonctions à plein temps ailleurs et ne participe au conseil que trois ou quatre fois par an.
Comment se déroulent généralement les conseils d’administration ?
C’est le PDG qui décide de l’ordre du jour et de la date de la réunion en accord avec les deux ou trois administrateurs les plus influents.
Les thèmes à débattre ont déjà fait l’objet d’une concertation au préalable avec harmonisation des positions entre les deux ou trois administrateurs.
Si jamais il y a un rapport à étudier, il est envoyé au dernier moment sinon remis aux administrateurs au début de la réunion tant et si bien que personne n’a eu le temps de le lire ou d’en approfondir l’étude.
Finalement, le PDG “impose” son point de vue, soutenu par les deux ou trois administrateurs de référence étant juge et partie, le seul à détenir toutes les données du problème.
Il est fondamental de séparer le conseil d’administration dont la responsabilité consiste à décider de la stratégie de l’entreprise et à veiller au suivi et au contrôle de son exécution dans les meilleures conditions, vis-à-vis de la direction générale dont le devoir consiste à appliquer les décisions du conseil d’administration.
Ainsi, le président du conseil ne doit plus cumuler cette fonction avec la direction générale qui assure la gestion quotidienne de l’entreprise.
Cela ne doit pas empêcher les administrateurs de constituer des comités pour décider de la désignation et de la rémunération des cadres supérieurs ou bien des partenariats à nouer avec de grandes entreprises ou encore contrôler l’action des crédits importants.
Mieux que cela, la bonne gouvernance impliquerait d’instaurer au lieu d’un directeur général tout puissant, un directoire de quatre ou cinq directeurs présidé par l’un d’eux pour assurer la gestion quotidienne de façon collégiale d’un conseil de surveillance avec un président pour veiller au contrôle de la gestion.

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