Le fils Caïd Essebsi s’est finalement imposé à la tête de Nidaa Tounes dans un congrès sans élections. Nida a ainsi réussi à faire, en un an, ce que le RCD n’a pas osé faire en 23 ans de dictature.
Il y a dans cette attitude la parfaite démonstration de la fracture qui existe entre le pays et ses hommes politiques. Alors que la Tunisie passe par la période difficile de la construction démocratique, des partis importants refusent l’usage de la démocratie interne et continuent à user de pratiques d’un autre âge. C’est ainsi qu’Ennahda, après 40 ans, continue d’avoir le même président et que Nida, malgré son jeune âge, subi de plein fouet le népotisme.
Ce qui est inquiétant pour l’intégrité intellectuelle, c’est de constater que des juristes de renom, professeurs de Droit qui font autorité dans nos universités, des ministres jusques-là adulés et des personnalités politiques jouissant d’une certaine aura, participent à ces pratiques dégradantes qui n’ont d’ailleurs pas manqué d’entraîner des mouvements de colère au sein même du congrès où beaucoup de Nidaïstes ont refusé d’être considérés comme des « faire valoir », ce qui a entraîné la démission de nombreux membres du parti.
Désormais sans légitimité, le parti se voit vidé des valeurs qui ont fait sa réussite électorale et il prend l’eau de toutes parts.
Au soir du 10 janvier, Nida n’est déjà plus le premier parti de Tunisie, en effet, de nouveaux députés ont démissionné, ce qui a fait dire, dans la panique, au président du bloc de Nidaa, Fadhel Omrane, que les démissions étaient illégales ! Fadhel Omrane sait-il que par cette déclaration intempestive il met en cause non seulement la liberté politique mais aussi plusieurs principes constitutionnels ?
La présence de Rached Ghannouchi quant à elle, a provoqué un véritable tollé dans les médias et les réseaux sociaux. Comment un homme qui a proféré toutes sortes d’accusations contre Nidaa – tout le monde se souvient entre autre du « Nida est plus dangereux que les salafistes » – pouvait-il être invité au congrès du parti? En quoi sa présence pouvait-elle apporter quelque chose ? Se demandent plusieurs congressistes.
La question de la présence du président de la République a également été évoquée, elle écorne l’esprit de la Constitution qui déclare (Art 76) illégale l’intervention du chef de l’Etat dans la vie partisane.
A Tunis, au même moment, se tenait le premier meeting des dissidents de Nidaa Tounes
A Tunis, Mohsen Marzouk n’a pas manqué d’évoquer, de façon ironique, la présence du chef de l’Etat à Sousse en l’invitant au futur congrès constitutif de formation politique des dissidents de Nidaa Tounes. Ces derniers, lors d’un meeting dimanche matin à Tunis, ont fait le plein, un succès qui a étonné jusqu’aux organisateurs. Avant la constitution d’une nouvelle formation politique, les dissidents vont lancer une consultation nationale et une série de meetings sur toute la république.