Abdelkefi aux députés : « Silence ! Nous, on travaille »

Mohamed Fadehl Abdelkefi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération Internationale et ministre des Finances par intérim.

Quelle mouche a piqué Mohamed Fadhel Abdelkefi ? Ras-le-bol ? Peut être bien. Surtout face à certains élus, véritables professionnels du dénigrement gratuit et de la diffamation irraisonnée. Au nom de quoi ? Tout simplement au nom de la démocratie et d’une opposition en mal de repères et d’arguments voire même de propositions.
Piqué au vif par des élus qui n’avaient rien d’autres à dire que de s’attaquer à sa qualité d’intérimaire, le ministre des Finances n’a pas fait dans la dentelle et a répondu de manière assez vives pour remettre les pendules de certains élus à l’heure. Il est vrai que le niveau des interventions volait très bas et montrait les limites d’une opposition, ou du moins de certains élus de l’opposition, en mal d’argumentaire et de proposition.

« Y a pas plus facile que le sans gène »
Dénigrement, accusations gratuites et propos diffamatoires sont devenus le plat de résistance d’une ARP qui n’arrive pas à se respecter pour se faire respecter devenant, en raison d’interventions le moins qu’on puisse dire populistes, une scène où se produisent tous les maux d’une Tunisie malade de son système politique.
Fadhel Abdelkefi n’est pas le premier à subir l’agressivité des Abou, Amroussia, Tebbini et bien d’autres encore, et il ne sera certes pas le dernier sauf que, contrairement à son apparence, il a réagi et sans retenue.
Déjà agressé lors de l’audition du chef du gouvernement et accusé de conflit d’intérêt, le ministre des finances par intérim n’est pas allé cette fois-ci par quatre chemins. « Je n’accepte plus d’être accusé de corruption, de laxisme, de vouloir vendre l’Etat à mes amis ! Je n’accepte plus que mes enfants aient à voir leur père accusé de telles insanités! Il n’y a pas plus facile que le sans-gêne et moi aussi je peux m’y mettre ! ».
Très offensif, Fadhel Abdelkefi qui n’a pas caché son irritation par les tacles des députés, n’a pas hésité à les recadrer en jetant à la face de certains élus qu’ils sont là et passent leur temps à insulter les employés et les ministres, alors que ces derniers tentent au moins de capter les investisseurs. Abdelkefi a invité ces derniers à se taire car les membres du gouvernement passent leur temps à trouver des solutions aux problèmes du pays.
Monté au front des coups portés par certains parlementaires, à ces collègues membres du gouvernement qu’ils accusent d’escroquerie, de corruption et de compromettre l’avenir du pays, Fadhel Abdelkafi, ne mâchera pas ses propos en s’adressant à Samia Abou qui brille depuis quelques temps par un discours populiste, tape à l’œil, à l’intention des sondages où elle perd de plus en plus pied. L’effet de mode est passé.
Et c’est d’une manière franche et directe qu’il rétorquera « Madame la députée fait bien de le souligner, oui je suis ministre par intérim. Le chef du gouvernement m’a proposé cela et j’ai accepté parce que je considère ça comme un devoir et que je me considère comme un soldat au service du pays et je me démène ainsi que mes collègues, nuit et jour, pour trouver des financements au pays dans les meilleures conditions. Entre moi et l’Etat tunisien, il y a un papier de désignation et je peux présenter ma démission à tout moment si je cherchais la paix de l’esprit, sinon si le chef du gouvernement décide de me confier deux ministères j’accepterais, tout comme j’accepterais de travailler avec lui à la présidence du gouvernement et tout comme  j’accepterais d’être évincé du gouvernement. L’Etat n’a rien à perdre avec ma démission. Si Youssef Chahed trouve un bon ministre des Finances soit ! Vous serez tous soulagés ! ».
Il ne mâchera pas ses mots pour  dire aux élus qu’ils sont « incapables de servir l’intérêt du pays » et qu’ils doivent « aider au moins en gardant le silence ».
Il semble que le désamour entre le ministre des finances par intérim et les représentants du peuple, du moins certains parmi eux, a atteint son paroxysme. On est loin de l’intérêt supérieur du pays et du peuple que certains prétendent représenter.

Un tableau sombre
Le coup de colère du ministre a permis d’en savoir plus sur la situation catastrophique dans laquelle se débat le pays. Situation qui jusqu’ici est présentée à demi mots.
« Le pays est géré au jour le jour». Gravissimes comme termes venant en l’occurrence du responsable des finances publiques. Fadhel Abdelkefi a voulu faire passer un message dans ce contexte. Celui que le document le plus important du ministère des Finances qu’il trouve chaque matin sur son bureau est celui du compte courant du trésor public auprès de la Banque centrale omettant de dire que ce compte est fluctuant et qu’il change à tout moment de la journée.
« Nous gérons le ministère des finances  comme une épicerie ». Une autre vérité qui en dit long sur le mode de fonctionnement actuel des structures de l’Etat.
Faut-il croire que ça fonctionne au pif, par improvisation ou en fonction des bonnes grâces de nos bailleurs de fonds ? Disons que cela donne l’impression d’une navigation à vue compliquée par des déclarations contradictoires de part et d’autre. Alors que les ministres, du moins certains se battent pour redresser un tant soit peu la barre – il faut dire que le chef du gouvernement multiplie les initiatives dans ce sens –  certains conseillers font le tour des médias pour faire des déclarations contradictoires qui laissent entrevoir un manque de cohésion et de cohérence dans le cercle le plus proche de la présidence du gouvernement.

Rien qu’en ce qui concerne le dossier de la privatisation, chacun des conseillers y va de son analyse et de son affirmation. L’exemple de la RNTA en est une illustration parfaite.

Il est temps que chacun remplisse la mission qui lui incombe et laisser de côté les ambitions démesurées de quelque nature qu’elles soient. Aujourd’hui chacun doit se consacrer à la fonction qui lui a été fixée par le chef du gouvernement, qu’on soit ministre ou conseiller, loin du jeu d’un lobby régionaliste, de l’exigence d’une institution internationale ou d’une ambition personnelle pour un département qui ne finit pas d’être l’objet de toutes les convoitises particulièrement par des partis politiques qui veulent élargir leur champ de pouvoir. Il y va de l’intérêt et de la réussite du gouvernement et, par conséquent de ceux du pays.
« L’économie tunisienne est dans une zone de grand risque, notamment au niveau des finances publiques ». L’affirmation est du ministre des finances par intérim qui ne cachera pas que le pays « a emprunté  pour payer les salaires dans la fonction publique du mois d’août et de septembre. Il faut espérer que le FMI ne lâche pas la Tunisie et non le contraire ».
A méditer.

F.B

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