La famille Belaïd attend toujours la révélation de toute la vérité sur l’assassinat de Chokri Belaid. Abdelmajid Belaïd, frère du martyr affirme clairement et fermement qu’ils ne baisseront pas les bras, et que le combat continue, jusqu’à ce que toute la vérité soit établie. Interview
Deux ans après l’assassinat de chokri Belaïd, êtes vous satisfait de l’évolution du dossier?
Pas du tout. Pour la famille, le dossier chokri Belaïd n’est pas encore clos. Il le sera le jour où tous les Tunisiens découvriront qui a planifié et qui a commandité ce meurtre. Aussi bien sa famille que ses amis ont pris connaissance avec Chokri, des menaces qui lui ont été adressées. Des menaces qui touchaient directement sa vie, et pourtant rien n’a été fait pour le protéger. Nous sommes certains que plusieurs vérités ont été dissimulées au ministère de l’Intérieur. Nous ne baisserons pas les bras, et nous n’arrêterons pas d’exiger que toute la lumière soit faite sur l’assassinat de Chokri Belaïd, même si le prix de cette insistance serait l’assassinat de toute la famille.
Aujourd’hui, pour nous, après lui, rien n’est plus important et rien n’est plus précieux.
Quelles seraient les prochaines étapes? Qu’allez vous faire justement pour que la vérité puisse éclater un jour?
Nous attendons la composition du nouveau gouvernement, d’autant plus que le président de la République a promis de s’occuper de ce dossier. Et j’estime qu’il est sincère dans à ses promesses. Néanmoins, nous nous sommes engagés, aussi, compagnons de Belaid compris, à continuer le combat jusqu’à ce que la vérité soit connue. Nous avons déjà procédé à l’internationalisation de l’affaire, et le dossier est parvenu au tribunal africain. Je le confirme et reconfirme encore une fois, nous ne baisserons pas les bras, tant que la vérité n’éclate pas et tant que les vrais criminels ne seront pas traduits devant les tribunaux pour que justice soit faite.
En ce qui concerne la clôture de l’affaire par le juge d’instruction, où en êtes vous?
Il y a eu un recours en appel, contre la décision de clore l’enquête par le juge. Et, le tribunal d’appel a répondu positivement, a au moins, 80% des demandes du comité de défense de chokri Belaïd. Parmi ces demandes on peut citer, celle d’entendre certains leaders du mouvement Ennahdha, dont Ali Laarayedh, à l’époque de l’assassinat, ministre de l’Intérieur, en plus d’entendre certains hauts cadres et fonctionnaires du ministère de l’Intérieur. Certes, le ministère public a fait un recours en cassation. Cependant, même le tribunal de cassation est allé dans la direction des avocats de Chokri Belaïd, et a confirmé les demandes du comité de défense. Les élections législatives et les deux tours des élections présidentielles, ont quelque peu retardé la mise en application, de la décision. Une application reportée à l’après constitution du gouvernement.
Après la formation du gouvernement, êtes-vous optimiste quant au déroulement de la suite des événements?
Pour être honnête j’ai été optimiste. Car, j’avais confiance en la promesse du président de la République. Or, j’ai su qu’Ennahdha ferait partie du nouveau gouvernement. Partant, je commence à perdre espoir. Car, pour nous, le mouvement islamiste est fortement impliqué dans l’assassinat de Chokri Belaïd, et il a tout fait, quand il a été au pouvoir pour dissimuler la vérité. Et même avec le gouvernement des technocrates, le dossier n’a pas avancé et Ben Jeddou, ministre de l’Intérieur n’a pas contribué ou n’a pas essayé de divulguer la vérité.
Le mouvement islamiste a réussi à imposer la neutralité des ministères régaliens, notamment la Justice et l’Intérieur. Or, ce sont ces deux ministères qui renferment à eux seuls les vérités sur les assassinats politiques.
Dans tous les cas de figure, l’accès d’Ennahdha au gouvernement me rend pessimiste et je crains que le président de la République ne puisse pas tenir ses promesses.
Propos recueillis Par Nada Fatnassi