Par Moncef Kammoun*
« Même ceux que cette situation révoltait n’imaginaient pas qu’il fût possible de venir à bout des préjugés séculaires, profondément ancrés dans nos mentalités.
Sans la volonté d’Habib Bourguiba, aucune réforme radicale n’aurait pu réussir.
Je crois que ce sera son plus grand mérite devant l’Histoire, car si tous les pays ont fini, un jour ou l’autre, par se débarrasser de la domination étrangère, aucun, et surtout aucun pays arabo-musulman, n’a osé une révolution sociale d’une telle ampleur » Radhia Haddad
Radhia Hadded, première présidente de l’Union nationale des femmes tunisiennes, a écrit dans son journal « j’étais obligée de quitter l’école dès l’âge de 12 ans, après le certificat d’études primaires, alors qu’aucun sacrifice n’était jugé trop grand pour faciliter les études de mes frères ».
Avec son certificat d’études primaires Radhia Hadded a milité pour que les femmes apprennent à lire et écrire en poursuivant des études, puis travaillent pour assurer leur autonomie financière, elle parvient par sa force de conviction et son comportement, à transformer en profondeur la société d’une façon harmonieuse et dans le calme, ses actions étaient un premier pas vers un début de notoriété au point que Bourguiba lui déclara un jour : « Je suis le président des hommes et vous la présidente des femmes ».
Mais la même Radhia Hadded, grande militante nationaliste, n’était pas autorisée à assister aux réunions politiques qui se tenaient dans sa propre maison.
Après l’indépendance, Bourguiba se dressa comme un phare dont jaillit la lumière, même au-delà de sa mort, car cette lumière n’est pas seulement la sienne, elle est le fruit de toute une histoire et de l’épanouissement d’une merveilleuse intelligence, aujourd’hui ne pas le reconnaître est une preuve d’ingratitude.
Bourguiba a tout fait pour construire un Etat moderne, un Etat engagé dans une politique de développement intelligente et rationnelle et fondé sur le développement de l’homme et de son potentiel : physique (santé), intellectuel (école) et affectif (culture).
Le pouvoir au féminin un pouvoir d’actualité
En réalité contrairement aux hommes qui, eux, sont plus volontiers en quête des signes extérieurs du pouvoir, les femmes envisagent véritablement le pouvoir autrement, lorsqu’elle le cherchent c’est pour pouvoir réaliser leur projet.
Margaret Thatcher était la première à dire : « En Politique si vous voulez des discours, demandez un homme, si vous voulez des actes demandez une femme ».
Une étude effectuée en 2006 par Frédérik Groust, sociologue et professeur à l’Université du Québec à Monréal montre que les femmes étaient plus motivées par les récompenses d’un travail que par les insignes du pouvoir.
Les femmes ont, en effet, une approche différente, plus franches, avec un réel désir de faire avancer les choses et elles accordent une grande importance à la légitimité.
Apporter donc une réelle contribution afin de changer les choses passe généralement par les femmes, des femmes libres compétentes battantes, fortes, pleines d’énergie et claires dans les paroles et les orientations mais surtout quand elles viennent de la Tunisie, premier Etat au monde fondé par une femme, la reine Alyssa nommée Didon.
Si j’aime l’histoire de la création de ce petit pays, c’est tout simplement celle qui l’a fait naître est venue de loin, et elle a choisi ce coin que nous n’avons pas choisi, J’aime l’idée que mes racines soient plantées dans ce petit morceau de terre que nous avons en partage qui n’est pas comme les autres pays.
Avec l’arrivée des islamistes au pouvoir
« Si un jour un problème frappe la Tunisie, il ne viendra que de ses enfants et non de l’étranger, en tant que premier responsable de la nation, je me dois de préparer l’avenir »
Habib Bourguiba
Après la fuite de Ben Ali et l’arrivée des Islamistes au pouvoir tout change, il était même question lors de l’élaboration de la nouvelle constitution d’imposer la notion de complémentarité et la femme serait alors le complément de l’homme, Cette question a conduit à la plus grande manifestation du pays pour enfin non seulement garder l’égalité des sexes mais ajouter sur notre constitution que l’Etat doit protéger et même consolider et promouvoir les droits des femmes.
Nos femmes se sont depuis toujours mobilisées, elles fondent des associations, entrent en politique et considèrent que leur féminité est un socle dont, pour rien au monde, elles ne s’en détacheraient.
Sur la scène internationale, il a fallu attendre le XXe siècle pour que la femme prenne sa part au pouvoir et accède par la voie démocratique à la tête des États.
De nos jours encore, les femmes ne trouvent toujours pas leur place à égalité avec les hommes, même quand elles sont plus diplômées, elles rencontrent toujours de réels obstacles dans un monde encore très masculin.
Abir Moussi, notre seul espoir, soyons à ses cotés
Que l’on soit en accord ou non avec ses idées, Abir Moussi, députée et présidente du Parti destourien libre est une vraie combattante, il faut bien le reconnaître et qu’on ne peut en aucun cas l’accuser d’immobilisme politique.
Cette femme politique est titulaire d’une maîtrise en droit et d’un certificat d’études approfondies en droit économique et en droit d’affaires, ainsi qu’un certificat d’aptitude à la profession d’avocat et exerce en tant qu’avocate à la Cour de cassation.
Elle représente un nouveau type de leadership, celui d’une femme symbole qui fait la politique autrement, elle ne brigue pas le pouvoir pour le pouvoir, mais pour la mission qu’elle veut accomplir.
Abir Moussi serait certainement une solution face à cette incompétence et l’absence totale d’éthique et de conviction de la classe politique qui a tant déçu les Tunisiens.
Abir Moussi est une vraie femme politicienne même si aujourd’hui le mot politicien devient ‘un gros mot’ elle n’a jamais caché la vérité même d’avoir appartenu et avoir milité au RCD ni avoir en tant qu’avocate défendu ce parti, elle a même l’audace en ces temps de mensonge, de se revendiquer héritière du tout premier parti destourien, le Destour et des partis qui lui ont succédé : Néo-Destour, Parti socialiste destourien (PSD) et RCD; et d’assumer leurs histoire, leurs réussites et aussi leurs échecs, un courage qui a manqué à tant d’autres !
Maintenant plus le temps passe, elle a acquis une identité politique marquée, désormais reconnue et soutenue par une frange importante de la population. Qu’elle n’est pas naïve, mais une femme qui représente le phénomène politique le plus juste.
Sa cote remonte spectaculairement dans des sondages, elle devient une manipulation à grande échelle destinée à créer une opinion publique il faut donc la couvrir et la soutenir car sa volonté de reformer la Constitution, de réformer le mode électoral et de s’opposer aux obscurantistes peuvent lui coûter chers.
Elle représente en fait la seule opposition réelle à ces islamistes, elle est donc tout à fait dans son rôle de leader.
Elle s’y emploie avec courage, elle est la seule personnalité qui donne de l’espoir et promet une opposition farouche. Elle est de plus en plus populaire mais par la masse silencieuse qui doit parler un jour.
Je pense vraiment que la rébellion est une forme d’honnêteté.
* Architecte