Abir Moussi plaide pour un pouvoir exécutif fort

Abir Moussi, présidente du parti Destourien Libre

La crise politique que traverse aujourd’hui la Tunisie est le résultat du régime politique instauré par la Constitution de 2014 d’après la présidente du Parti Destourien Libre (PDL), Abir Moussi. Intervenant dans la Matinale de Shems FM ce lundi 23 juillet 2018,  a souligné que son parti a mis en garde, plus d’une fois, contre cette crise. « Le pouvoir est éparpillé dans le régime actuel. Aucun pouvoir n’est capable de prendre des décisions et chacun dépend de l’autre. Nous avons un président de la République qui affirme que ses prérogatives sont limitées par la Constitution, et un Chef du gouvernement qui prend des décisions pour servir ses intérêts personnels et qui se rapproche du parti des Frères, à savoir Ennahdha », a-t-elle expliqué.
Le Chef du gouvernement, poursuit-elle, a trouvé son intérêt chez Ennahdha. « Il profite de son soutien. En contrepartie, il est en train de satisfaire les demandes d’Ennahdha », a-t-elle ajouté.

La Constitution, un sérieux bémol selon elle
Abir Moussi a pointé du doigt d’autres dysfonctionnements au sein de la Constitution de 2014, notamment en ce qui concerne le vote de confiance pour le Chef du gouvernement à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). « Il [Chef du gouvernement] est incertain d’obtenir 109 voix favorables à l’ARP. C’est pour cette raison qu’il n’a pas encore sollicité l’institution. Le Chef de l’Etat, pour sa part, n’est pas sûr non plus d’obtenir 109 voix pour obliger Youssef Chahed à passer devant les députés. Autrement dit, la Constitution a créé un régime politique raté. D’autant plus que nous ne sommes plus en période transitoire. C’est à cause de ce régime qu’on a observé des retards dans la mise en place des instances constitutionnelles. Il suffit de voir ce qui s’est passé lors de l’élection du président de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections », a-t-elle souligné.
Idem pour la Cour Constitutionnelle. D’après Abir Moussi, celle-ci est inexistante étant donné qu’elle fonctionne selon des consensus basés sur des quotas partisans. « Plusieurs lois et décisions sont inconstitutionnelles, à commencer par la loi fondamentale relative à l’Instance Vérité Dignité (IVD). Pourtant, personne ne peut les contester en l’état actuel des choses », a-t-elle encore dit.

On se rapproche du règne des lobbys
Dans ce contexte, la présidente du PDL a assuré que son parti a présenté un projet de Constitution au président de la République le 25 juillet 2017. Il est temps, souligne-t-elle encore, que le Chef de l’Etat active l’article 143 de la Constitution pour lancer une initiative législative visant à amender la Constitution.
De ce fait, Abir Moussi suggère la mise en place d’un régime présidentiel avec un pouvoir exécutif fort capable de prendre des décisions et avec un pouvoir législatif bien installé qui contrôle cet exécutif. « Si un sondage impartial est réalisé en Tunisie, vous verrez que les tunisiens souhaitent la mise en place d’un leadership politique fort, courageux, assumant ses responsabilités, capable de restituer à l’Etat son prestige et de préserver la souveraineté nationale. Le régime de Ben Ali était, certes, dur, mais il y avait un Etat. Aujourd’hui, les institutions de l’Etat sont détruites et nous sommes proches du règne des lobbys », a lâché Abir Moussi, et d’enchaîner : « ceux qui profitent de la situation de crise sont une minorité. Ce sont ces personnes qui ont profité des indemnités, qui se promènent en voitures de luxe et qui sillonnent les plateaux télévisés ».

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