Administration: Besoin d’électrochoc

C’est une priorité absolue et une urgence.
Malheureusement, on ne voit pas encore venir l’échéance, pour à la fois plusieurs raisons fondamentales et des motifs graves.
D’abord, l’hypertrophie inquiétante de son volume et son coût croissant et démesuré, en particulier depuis le 14 janvier 2011, jumelé avec une inefficacité patente et une inertie suspecte. L’administration compte, aujourd’hui, 820.000 fonctionnaires et d’importantes charges en frais de locaux, d’un parc-auto énergivore de 200.000 voitures et de frais élevés de missions et de réceptions.
S’ajoute à cela, une masse salariale qui a grimpé de façon vertigineuse pour atteindre le chiffre faramineux de 11 milliards de dinars sur un budget de près de 30 milliards. Un lourd et handicapant fardeau pour un pays qui a besoin d’investir dans des projets de développement.
Il faut dire que durant plusieurs décennies, l’administration tunisienne a été un point fort, grâce à ses compétences et son dévouement au service de la nation sans oublier son rôle moteur dans le processus de développement du pays, la conception et la gestion de grands projets d’infrastructures etc… Malheureusement, depuis plus d’une décennie, elle a marqué le pas et manqué de transparence d’où les suspicions de corruption qui planent sur elle et qui font état de doutes sur son intégrité et son efficience.
La Révolution du 14 janvier 2011 n’a pas amélioré la situation mais est venue bouleverser la hiérarchie administrative avec de nouvelles nominations, pas toujours pour compétence, mais pour satisfaire les partis politiques au pouvoir, notamment du temps de la Troïka, ou, pire encore, pour combler les vides enregistrés suite aux révocations spectaculaires sans motifs décidés par les nouveaux décideurs…
Du coup, un traumatisme profond a frappé les hauts cadres, directeurs et directeurs généraux, de l’administration et c’est la paralysie non seulement des services centraux, mais aussi des directions régionales. Plus personne ne prend de décision, ni n’entreprend d’action de crainte d’être accusé de corruption. Du coup, le processus de développement se met en berne et la moitié des projets est en panne.
Résultat : On se contente d’encaisser sa paie, de glaner indemnités et avantages matériels, de rechercher une promotion éventuelle et de commenter l’actualité. Le défilé des ministres se relayant depuis quatre ans n’a pas facilité les choses. C’est le pays qui en paie la facture.
Aussi est-il temps d’agir et au plus vite. L’administration publique a, désormais, besoin d’un véritable électrochoc, particulièrement en ces temps où le pays est en récession technique et une vision claire avec des objectifs précis et surtout des moyens conséquents humains et matériels. Il n’en demeure pas moins qu’il est urgent de voir cette administration retrouver son rôle de promoteur du développement d’autant plus qu’elle coûte très cher à la collectivité nationale.
Pour ce faire, et de prime abord, un dégraissage s’impose. Cela passe par trouver des solutions au sureffectif dans la fonction publique, évalué à plus de 30% par les autorités. Plusieurs modalités s’offrent comme solutions notamment les départs en préretraite, volontaire ou obligatoire, les reconversions, les mutations, les redéploiements… Cela ne pourra qu’avoir des incidences positives sur le fonctionnement de l’administration et alléger, un tant soit peu, le poste lourd des salaires improductifs sur le budget de l’Etat. Certes, il faut recruter des médecins pour la santé publique, des enseignants pour les écoles de base, des juges et des policiers pour lutter contre le terrorisme, des contrôleurs des impôts pour réduire la fraude et l’évasion fiscales. Mais cela se fera d’une manière rationnelle et objective.
Autre action à mener pour améliorer le rendement de l’administration est de veiller à la restauration de la discipline, de la rigueur et du respect des règles éthiques par le personnel administratif. Tout cela s’impose d’urgence, car il y a un laisser-aller flagrant, fait d’absentéisme élevé, de manque de contrôle absolu, de gaspillage en frais de téléphone, de consommation électrique (climatisation), de lenteur et de complications, de bureaucratie,…
La modernisation et l’informatisation de l’Administration s’imposent également. Pour cela des cours de formation accélérée du personnel seront nécessaires pour toutes les catégories de fonctionnaires.
L’heure est venue d’assurer la montée en puissance des compétences dans la fonction publique qui ne doit plus être un abri confortable ou une voie de garage pour les chasseurs de mensualités régulières et sûres, mais un domaine privilégié d’action pour le développement du pays et d’exercice d’une fonction noble, celle du service public.
L’Administration doit, désormais, attirer les diplômés et les compétences mais aussi les cadres expérimentés par différents moyens incitatifs sous forme de contrats avec des salaires conséquents, des possibilités de promotions et des primes intéressantes. L’Etat doit veiller à la motivation, à la productivité pour engendrer une administration efficace et performante. Toute promotion dans l’administration doit dorénavant se faire sur concours et non de façon automatique ou par complaisance.

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