Des milliers de jeunes compétences ont quitté la Tunisie depuis 2011. Médecins, ingénieurs, communicateurs et tant d’autres compétences. La raison, selon eux : « on nous empêche d’avancer et on nous empêche de réussir », entend-on les jeunes affirmer.
Ce triste constat s’est une fois encore confirmé avec un fait anodin. C’était lors d’un contrôle de douane à l’aéroport de Djarba-Zarzis. C’était un jeune tunisien d’à peine 23 ans. Il est parti en Allemagne début 2021. Actuellement, il est apprenti ingénieur (informatique) et employé dans son domaine. Puisqu’il avait la possibilité de télé-travailler, son entreprise l’a autorisé à rentrer en Tunisie pour rester avec ses parents tout en travaillant – Tataouine -.
Il avait donc emporté son PC portable professionnel, son ordinateur portable personnel, un smartphone neuf qu’il compte offrir à l’un de ses parents, un disque dur de type SSD et deux barrettes de mémoire vive pour améliorer les performances du PC de salon de sa maison à Tataouine
Surprise à l’aéroport : 300 TND pour passer la douane
Seulement, en arrivant à l’aéroport, il a subi l’inquisition des douaniers. « Quel est ce matériel que tu possèdes ? », « comment se fait-il qu’un jeune comme toi ait pu acheter autant de matériels ? ». Il s’agissait des questions qui ont été posées au jeune homme.
Celui-ci avait beau expliquer aux douaniers qu’il ne s’agissait que de quelques composants informatiques, ces derniers n’ont rien voulu entendre. Pis encore : les douaniers ont affirmé que le matériel transporté valait 9000 dinars. Ils ignoraient, en fait, que les disques durs SSD pouvaient être vendus à 150 TND seulement en Tunisie. En fin de compte, le jeune homme a été obligé de débourser 300 TND pour pouvoir passer et retrouver ses parents, sans quoi il devait tout laisser à l’aéroport. « On nous pousse à haïr notre pays », a-t-il confié, non sans amertume.
Notre pays est incontestablement l’un des plus beaux pays du monde. Seulement, les actuels responsables ne font que faire fuir la jeunesse et les compétences. L’exemple dont nous parlions n’est qu’un cas parmi tant d’autres. Nombreuses sont les personnes qui subissent l’ignorance, l’envie et la malveillance de certains agents de la douane – et d’autres -. Bien entendu, il ne s’agit pas de mettre tout le monde dans le même sac car il existe encore des agents intègres. Seulement, la minorité corrompue est celle qui continue de faire fuir et la jeunesse tunisienne. Et quand on dit « la minorité », elle regroupe certains décideurs se trouvant au sommet de l’État.
Fakhri Khlissa