Aéroport Tunis-Carthage : Agrandir ou bien amoindrir: Que choisir ?

Par Aïssa Bccouche 

Comme un serpent de mer, l’agrandissement de l’aéroport Tunis-Carthage, est revenu ces jours-ci au-devant de la scène.

Sous les ors du Palais du Bardo, le ministre des transports a donné, lors de la présentation du budget de son département, les chiffres approximatifs de l’un des grands projets de la quinquennie à venir.

Une nouvelle aérogare de 80.000 mètres carrés pour une capacité additionnelle de 8 millions de voyageurs.

Au total, si tel est son sort, l’aéroport augmenté verra défiler près de 13 millions de passagers. Est-ce que la ville de Tunis, pourra se permettre un tel flux ?

Au regard de l’infrastructure actuelle de cette métropole où l’on a déjà du mal à se mouvoir, il est permis d’en douter.

Le site de la plaine qui s’étendait Jadis de la Charguia d’El Ariana jusqu’aux reliques à Dar Fadhal du fameux aqueduc reliant Zaghouan à Carthage, une zone aujourd’hui largement bétonnée, offre-il réellement un choix judicieux pour une telle entreprise d’agrandissement.

Il nous a semblé que cette option s’était effilochée au profit de l’édification d’un nouvel aéroport à ENNFIDHA, dont l’aire avait supplanté les autres choix d’El Mabtouh au Nord et de Borj El Amri à l’Ouest.

Mais voici que le sujet refait surface. A-t-il fait l’objet d’une réflexion approfondie ? Voire

Il eut été souhaitable de voir précisément les gens du pouvoir prêter l’oreille aux gens du savoir. Un aéropage d’urbanistes, d’économistes et d’écologues aurait certainement pu éclairer nos lanternes.

Quand à moi, j’avais, il y a plus de 15 ans, considéré que l’aéroport d’ENNFIDHA constituait avec le port en eaux profondes, l’un des deux éléments structurants d’une nouvelle capitale que j’appelais de mes vœux, en cet endroit qui se trouve au carrefour de l’Histoire et de la Géographie.

Sans interférer sur les avis des uns et des autres, je me demande s’il n’est pas, à la limite, plus économique de réaliser le tronçon Tunis-ENNFIDHA du futur T.G.V qui doit longer les côtes tunisiennes de Bizerte à Tataouine comme l’avait proposé le président Kais Saied lors de sa rencontre à Paris avec le chef d’Etat français M. Macron.

Rappelons pour mémoire que plusieurs aéroports au monde se situent à une longue et même très longue distance des capitales – Narita au Japon à 90 Km à Tokyo, Blaise- Diagne au Sénégal à 50 Km de Dakar –.

Rares sont les aéroports qui se trouvent à moins de 30 Km des centres villes tels que Mohamed V à Casablanca, Charles de Gaulle à Paris, Fiumicino à Rome et Heathrow à Londres. L’aéroport John Kennedy à New York est éloigné de 40 km de Manhattan.

Avec le temps, ils risquent d’être excentrés davantage

Si, d’aventure on se suffirait de l’aérogare n° 02 réservée uniquement aux vols de avions emportant les pèlerins vers les lieux saints ou ceux qui ont un caractère ad hoc, l’aérogare n° 1 se transformerait en un temple de détente et de loisirs pour nos descendants dont on hérite la terre comme le rappelle si joliment un proverbe chinois et qui surplomberait un vaste écrin époustouflant de verdure et d’eau fraiche aux abords de la Soukra, d’El Aouina et du Lac, hélas, fortement urbanisés.

Tunis – Toonès , la bien nommée, aurait alors les couleurs chatoyantes d’un havre d’art, de culture et de douceur de vivre.

Utopie ? Mais l’utopie n’est-ce pas, pour l’urbaniste, la muse qui lui inspire une ode enchanteresse qu’il dédie aux cités rêvées, du bonheur.

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