Fadhel Abdelkefi s’était présenté lundi 4 septembre, comme tout citoyen tunisien ordinaire, devant la justice. En présentant sa démission, il a exprimé cette volonté d’affronter son affaire loin du gouvernement pour éviter tout conflit d’intérêt. Ce lundi, c’était le représentant de Tunisie Valeurs et non le ministre qui était face au juge.
Mais ça n’est pas le plus important. Certaines questions restent sans réponses et relèvent même de l’intrigue.
Pourquoi Fadhel Abdelkefi, puisqu’il l’affirme et le crie même haut et fort, qu’il n’était pas au courant de ce jugement et qu’il en avait pris acte par facebook ? Comment le chef du gouvernement n’avait pas eu vent de cette affaire, si affaire il y a, lors de ses consultations pour la constitution du gouvernement d’union nationale ?
Plus encore, la partie civile, est une institution de l’Etat et représentée dans cette affaire par le chargé général du contentieux de l’Etat – comme dans toutes les affaires impliquant l’Etat – et qui relève directement du département des domaines de l’Etat. Ce qui sous-entend que le secrétaire d’Etat en charge de ce ministère est censé être informé de cette affaire et, surtout, des dossiers traités par le chargé du contentieux. Dans le cas contraire il y a eu défaillance et c’est grave. Le chef du gouvernement aurait pu être informé à temps et aurait pu éviter ce qui ressemble aujourd’hui à un scandale sans en être un.
D’un autre côté, et là aussi des interrogations subsistent, le ministère public relève – du moins c’est ce qui est connu par tout le monde – du ministre de la justice. Comment le ministre en charge de ce département n’était pas au courant qu’un de ses collègues était sous le coup d’un jugement par contumace et n’en informe pas le chef du gouvernement? Quelque chose cloche ou il y a un maillon de la chaîne qui échappe à tous et peut être même à Abdelkefi lui-même.
Youssef Chahed, lui, a entre temps perdu « un de ses meilleurs ministres« , c’est lui-même qui le dit, et se trouve contraint de remanier son équipe et d’être à nouveau sous la pression de partis politiques dont le seul souci est de se replacer ou d’élargir leur champs au sein du gouvernement.
On est en droit de savoir ce qui se cache derrière un jugement par contumace remis au gré du jour comme par enchantement.
Il n’est nullement question ici de prendre parti pour Fadhel Abdelkefi mais, et surtout, de comprendre le pourquoi de cette affaire et à ce moment, c’est à dire la veille d’une rentrée difficile aux plans politique, économique et social.
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