Affaire BFT : Slim Ben Hmidane dénonce « les calomnies et le mensonge de Mabrouk Korchid »

C’est la première fois que l’ancien ministre des Domaines de l’État sous la Troïka, Slim Ben Hmidane, intervient pour répondre, ouvertement, aux accusations de l’actuel ministre des Domaines de l’État, Mabrouk Korchid, à propos de la très épineuse affaire de la Banque Franco-Tunisienne (BFT).
Intervenant dans Midi Show du jeudi 5 avril 2018, dans ce qui semble être un droit de réponse, Slim Ben Hamidane a voulu, selon ses propos, « clarifier la situation » et répondre aux « mensonges et aux accusations calomnieuses » de Mabrouk Korchid, selon lequel il aurait agi en faveur d’une amnistie au profit de Albdemajid Bouden, qualifié par Ben Hamidane de l’adversaire de l’État.

« L’amnistie a été décidée par la Cour de Cassation »
« Il y a un grand mensonge qui se répète selon lequel Slim Ben Hmidane a délibérément accordé l’amnistie à Abdelmajid Bouden. C’est faux ! Il est même très surprenant que Monsieur Korchid, avec son avocat, n’aient pas consulté le document de l’amnistie en question », a-t-il déclaré au micro de Boubaker Ben Akacha qui, soulignons-le, s’est appuyé sur un document classé confidentiel qui lui a été fourni par Mabrouk Korchid relatif à la responsabilité de Slim Ben Hamidane dans l’amnistie accordée à Bouden.
« Cette décision [amnistie] n’émane pas de moi, mais de la Cour de Cassation », a assuré l’ancien ministre qui s’est appuyé, lui aussi, sur un document officiel de la Cour de Cassation. « Où est Ben Hamidane dans tout cela ? Mon nom n’a pas été cité une seule fois dans le document de la Cour », a-t-il déclaré. La Cour de Cassation, explique-t-il, s’est appuyée sur une demande formulée par le ministère public avant de prendre sa décision. Quant au document dans lequel figure l’affirmation selon laquelle j’ai dit que Abldemajid Bouden était victime d’injustice, il a été envoyé par le chargé du contentieux de l’État à la Cour de Cassation. Ce dernier, poursuit Slim Ben Hamidane, travaille en toute indépendance par rapport au ministre des Domaines de l’État en termes de gestion.

« Un règlement de comptes »
L’ancien ministre est revenu sur une « autre calomnie » commise par l’avocat du ministre actuel des Domaines de l’État. « On dit que j’ai retiré le dossier du cabinet d’avocats Herbert and Smith. Jamais et c’est complètement faux ! Le conseiller chargé de ce dossier a été désigné en 2003. Pour ma part, entre 1991 et 2011, j’étais à l’étranger et je n’avais aucun lien avec ce dossier ! De ce fait, ce qui a été dit à mon propos est un mensonge qui entre dans le cadre d’un règlement de compte », a encore lancé Slim Ben Hamidane.
Et de poursuivre, ironique : « deux ministres se sont succédés à la tête du département des Domaines de l’État entre moi et Monsieur Korchid : un juge administratif (Karim Jamoussi) et un juge judiciaire (Hatem El Euchi). Mabrouk Korchid est donc le seul à avoir découvert la trahison. Bravo ! ». L’Histoire de Mabrouk Korchid est connue selon Slim Ben Hamidane. Il a rappelé que le ministre avait même porté plainte contre Béji Caïd Essebsi pour torture et persécution des Youssefistes. « Il a basculé à 180 degrés par la suite ! », a-t-il dit.

« Mabrouk Korchid a porté atteinte à l’État en violant une décision du Tribunal Arbitral »
Le plus grave dépassement de l’actuel ministre, selon Slim Ben Hamidane, a été commis le 23 juillet 2017, lorsqu’il s’est exprimé sur l’affaire de la BFT malgré la décision du Tribunal Arbitral, en date du 17 juillet 2017 (paragraphe 421) qui stipule : « faisant droit aux demandes de la Tunisie, le Tribunal arbitral rappelle aux parties qu’il est impératif de respecter l’intégrité de la présente procédure et de s’abstenir de toute déclaration ou communication directe ou indirecte, par voie de presse susceptible d’aggraver le litige en cours ». Mabrouk Korchid n’a donc pas respecté cette décision selon Slim Ben Hamidane, étant donné qu’il avait accusé un ministre de trahison. « C’est une décision honteuse portant atteinte aux intérêts de l’État », a-t-il affirmé, rappelant qu’il avait appelé, à l’époque, au limogeage immédiat de Mabrouk Korchid.
Cette violation de la recommandation du Tribunal Arbitral, poursuit Ben Hamidane, a profité à l’adversaire de l’État dans l’affaire de la BFT qui pourra demander des dommages et intérêts à l’État tunisien.

« L’amnistie, seule la Cour de Cassation en est responsable »
C’est surtout sur la question de l’amnistie accordée à Abdelmajid Bouden que Slim Ben Hamidane s’est longuement défendu contre les accusations du ministre actuel des domaines de l’Etat. Il a déclaré que ni le président de la République, ni le Chef du gouvernement et encore moins un ministre qui s’ingèrerait dans ce genre d’affaires. Il existe, explique-t-il, une commission au sein de la Cour de Cassation qui s’en charge, présidée par le Premier Président de la Cour, et également composée des présidents des Chambres, du représentant du ministère public et du substitut au procureur général de La République.
Poursuivant sur sa lancée, Slim Ben Hmidane rappelle aussi que le chargé du contentieux de l’État a de milliers de dossiers à traiter et il travaille en toute indépendance. Quant au ministre, il a aussi des centaines de dossiers à gérer qu’il peut déléguer à d’autres fonctionnaires. Autrement dit, selon Ben Hamidane, c’est l’administration qui a fait le travail concernant l’amnistie accordée à Abdelmajid Bouden.
La correspondance « exhibée » par l’avocat de Mabrouk Korchid, envoyée au ministre de la Justice, n’est pas une révélation selon Ben Hamidane. C’est la même qui, poursuit-il, a été envoyée par le chargé du contentieux de l’État à la Cour de Cassation. « Un ministre soutenant le chargé du contentieux est chose tout à fait normale », a-t-il assuré.

« Abattre Ben Hmidane à tout prix »
Cette démarche s’inscrit dans l’optique d’une réconciliation avec l’adversaire de l’État d’ores et déjà adoptée, d’après Ben Hamidane, par le gouvernement Essebsi en 2011, suite à la décision du Tribunal Arbitral de février 2011 portant sur la réconciliation. « C’est le ministère public qui a donc réclamé l’amnistie pour Abdelmajid Bouden conformément à la décision du Tribunal Arbitral, ce n’est pas Slim Ben Hamidane. Et puis, la décision du ministre des Domaines de l’État n’a aucun sens étant donné que la commission des litiges est chargée de l’affaire, au même titre que la présidence du gouvernement. La Cour de Cassation est libre, souveraine et indépendante.
Le but de toute cette histoire ? Abattre ce Ben Hamidane, donc on dit que c’est lui qui a accordé l’amnistie à Bouden ! »
, s’est encore expliqué l’ancien ministre.
Toute cette histoire, déclare encore Slim Ben Hmidane, s’inscrit dans le cadre d’un règlement de comptes. « Mabrouk Korchid semble encore marqué par ce qui s’est passé à l’université tunisienne entre 1989 et 1990, lorsqu’il a pris une raclée de la part de l’un des membres de l’UGTE que je supervisais. Il semble qu’il n’a pas été libéré de ce poids », a-t-il conclu.

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