L’ancien chef de l’État français est jugé, ainsi que 13 autres personnes, devant le tribunal correctionnel de Paris pour les dépenses excessives de sa campagne présidentielle de 2012.
C’est peu dire que les débats n’ont pas poussé les deux représentants du parquet à la clémence vis-à-vis des quatorze prévenus du procès Bygmalion. Les aveux incomplets de certains (Jérôme Lavrilleux, directeur de cabinet de Jean-François Copé et directeur adjoint de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, Guy Alvès, Sébastien Borivent, Franck Attal, anciens dirigeants de Bygmalion et de sa filiale Event & Cie) ont laissé sur la faim Nicolas Baïetto et Vanessa Perrée.
Ils ont été excédés par les dérobades des autres : Eric Cesari, ex-directeur général de l’UMP, Fabienne Liadze, ex-directrice des ressources, Pierre Chassat, directeur de la communication, Bastien Millot, coprésident de Bygmalion, Philippe Briand et Philippe Blanchetier, président et trésorier de l’Association de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy (AFCNS), Pierre Godet et Marc Leblanc, experts-comptables, Guillaume Lambert, directeur de campagne. Quant aux arguments exposés à la barre par l’ancien chef de l’État, selon lequel le dépassement du plafond légal à hauteur de plus de 20 millions d’euros aurait profité à d’autres, ils laissent l’accusation pantoise.
Pour le ministère public, les stratèges de la campagne lancée en février 2012 constatent début mars que l’enveloppe légale n’y suffira pas. Le prestataire, le parti et le candidat décident donc de mettre en œuvre un système de fausse facturation faisant supporter à l’UMP ce que le candidat, qui exige à présent un meeting par jour, ne peut déclarer .
Les orateurs dénoncent des «dérives financières majeures, un système opaque». Ils stigmatisent Nicolas Sarkozy et son entourage : «Il vous a demandé : »Qui peut oser dire que ma campagne a dérapé ? C’est une farce ! » Mais c’est une farce que de nous faire croire que ces personnes-là ne surveillaient rien. C’est une farce que de les voir se retrancher derrière leur absence de compétences.»
Le parquet regrette que la vérité n’ait pas jailli à l’audience : «Nous ne sommes pas magiciens. Il y a quatorze prévenus et presque autant de versions. Leur impossible combinaison montre qu’il y a nécessairement des mensonges. Qui a eu l’idée ? Qui a ordonné le système ? Nous n’avons pas eu les éléments, l’audience n’a pas permis d’identifier le deus ex machina».
La fin du réquisitoire approche. Une pique à l’ancien président de la République, qui n’a assisté qu’à une demi-journée d’audience : «Cette désinvolture vis-à-vis de ses coauteurs et vis-à-vis de votre tribunal est à l’image de la désinvolture dans sa campagne. Prétendre que sa signature n’engageait à rien alors qu’il signait chaque jour des décrets engageant la République, c’est abyssal. Il a sciemment participé au dépassement en augmentant le nombre de meetings alors qu’une note d’alerte préconisait de le diminuer. Sa campagne est une campagne en or massif !».
*Les peines requises:
Nicolas Sarkozy: 12 mois de prison dont la moitié avec sursis. 3750€ d’amende.
Guillaume Lambert: 4 ans avec sursis, 50.000€ d’amende.
Philippe Briand: 3 ans avec sursis, 80.000€ d’amende.
Philippe Blanchetier: 3 ans avec sursis, 40.000€.
Jérôme Lavrilleux: 3 ans avec sursis, 50.000€.
Eric Cesari: 4 ans avec sursis, 60.000€.
Fabienne Liadzé: 3 ans avec sursis, 40.000€.
Pierre Chassat: 2 ans avec sursis, 25.000€.
Bastien Millot: 2 ans dont un avec sursis probatoire, 150.000€.
Guy Alvès, Sébastien Borivent et Franck Attal: 18 mois avec sursis, 100.000€.
Pierre Godet: 3 ans avec sursis, 60.000€.
Marc Leblanc: 2 ans avec sursis, 30.000€.
(Le Figaro)