Ce n’est qu’à partir de demain vendredi 13 juin que l’on connaitra le dénouement de l’histoire du défaut de fabrication ou de la panne de la polo 7, commercialisée par Ennakel automobiles auprès de 1.750 chauffeurs de taxi. En attendant, le concessionnaire de Volkswagen s’est engagé à réparer les voitures. Retour sur une affaire où le mythe dépasse de loin la réalité.
Alors que la marque est réputée pour sa fiabilité et sa solidité, Volkswagen est contestée pour la première fois en Tunisie. La polémique a commencé quand une dizaine de chauffeurs de taxi ont observé un sit-in-in devant le siège du concessionnaire Ennakel automobiles. Ils revendiquent, après une panne survenue à leurs véhicules, un remboursement évalué selon eux à six mille dinars. Une revendication peu commune. Car nous savons tous qu’en cas de problème tout produit doit être réparé, ou le cas échéant remplacé, par le producteur.
Dans ce même contexte, nous nous rappelons du défaut de Toyota, le premier constructeur automobile mondial, qui a reconnu le défaut et a rappelé plus de six millions de ses modèles et changé la pièce défectueuse. C’est ce qui aurait dû être fait dans ce cas. Mais l’histoire est très compliquée. Les chauffeurs de taxi ont fait un sit-in même devant l’ambassade d’Allemagne (Volkswagen est une marque allemande). La Chambre du syndicat national des chauffeurs de taxis individuels dit qu’il n’est pas à l’origine de ces mouvements.
Selon Moez Sallemi, la Chambre aurait pu résoudre le problème sans en arriver là. Sachant qu’après négociation entre la Chambre et le concessionnaire, ce dernier s’est engagé, sans même attendre le résultat final du diagnostic du problème, à réparer les véhicules en panne et s’est engagé également à compenser le manque à gagner des chauffeurs de taxis en versant 60 dinars par jour à chacun d’eux pendant la période de réparation.
Polo 7, le diagnostic n’est pas définitif
Il y a deux semaines, M. Zied Kammoun, directeur central après-vente d’Ennakel Automobiles, s’est rendu à la maison-mère Volkswagen accompagné des échantillons des injecteurs de dix Polos en panne.
Après analyse de ces échantillons, le résultat a constaté une usure prématurée au niveau de l’injecteur. Les ingénieurs de Volkswagen ont trouvé que les injecteurs des Polos 7 sont très usés. Le problème venait des impuretés venant des réservoirs et du carburant. Selon M. Zied Kammoun, le filtre d’origine Volkswagen est conçu pour stopper les impuretés jusqu’à cinq microns.
Au-delà de ces cinq microns d’impureté et peu importe le constructeur, des problèmes techniques au système d’injection apparaitront. Sur les dix véhicules analysés, les dix filtres n’étaient pas d’origine et de plus issus du marché parallèle. Donc aucune idée sur leur fiabilité. M. Kamoun, ajoute que depuis le premier entretien qui se fait après 7.500 kilomètres parcourus (un entretien gratuit) la majorité de ces véhicules n’étaient pas revenus pour entretien dans les ateliers Ennakel. Sur les 1.750 Polos vendus, près de 800 circulant avec le filtre d’origine et ayant respecté les échéances d’entretien n’ont enregistré aucune panne. Il faut rappeler que le filtre doit être changé par un autre filtre d’origine tous les 30.000 kilomètres, ce qui n’a pas été fait par certains chauffeurs.
Mais ces chauffeurs, faute de moyens, ont préféré un filtre bon marché et un entretien effectué loin des ateliers du concessionnaire. En attendant, un diagnostic final sera émis après une deuxième analyse plus avancée, d’autres échantillons envoyés par les ateliers d’Ennakel. Volkswagen recommande que le filtre soit changé par un autre d’origine tous les 15.000 kilomètres. Le constructeur conseille aux chauffeurs de taxis d’être responsables, d’utiliser du gasoil conforme et de respecter les échéances d’entretien. M. Kamoun, rappelle que le modèle Polo 7 a été commercialisé partout dans le monde et qu’aucun problème n’a été détecté.
Mais il rappelle aussi que l’utilisation du taxi est une utilisation intensive. Ce petit moteur est utilisé partout en Europe par des particuliers, c’est-à-dire entre 15 et 20.000 km par an contre 150.000 km pour un taxi.
Donc aucun point de comparaison entre utilisation intense et utilisation normale. Le constructeur ne dit jamais qu’une voiture est conçue pour les chauffeurs de taxi et qu’une autre est destinée aux particuliers. Cela étant dit et malgré le fait que le concessionnaire se soit engagé à réparer les véhicules en panne, certains chauffeurs de taxi continuent à semer la pagaille. Ceux-ci ne verront pas leurs voitures réparées, car ils ont remplacé le moteur Volkswagen par un autre alors que le concessionnaire exige le moteur d’origine.
Najeh Jaouadi