Affaire de la résidence CNRPS à Romana : à tort ou à raison?

Photo prise par des habitants pour prouver le bon état des immeubles (2)

91 familles menacées d’expulsions dont certaines sont là depuis pas moins d’une trentaine d’années. C’est l’affaire qui ne finit pas de connaître des rebondissements entre des locataires qui défendent leur droit de maintien et une institution publique qui veut récupérer son bien soit disant pour d’éventuels travaux de sécurisation mais à coup sûr, croit-on savoir, pour les revendre.

Un grand nombre d’habitants de la résidence « La maison Blanche » ou Casablanca, propriété de la Caisse Nationale de Retraite et de Prévoyance Sociale (CNRPS), située à la cité Rommana à Tunis, ont organisé récemment plusieurs mouvements de protestation ainsi que des sit-in en signe de refus de la décision prise par la CNRPS qui a sommé par voie de huissiers notaires près d’une centaine de familles ( 91 plus exactement) de vider les lieux immédiatement  sous prétexte que les immeubles où elles logent risquent de s’écrouler du jour au lendemain.
Ces habitants ont lancé un appel de détresse à l’attention du président de la République Beji Caied Essebsi, du chef du gouvernement Youssef Chahed, ainsi qu’aux députés de l’Assemblée des Représentants du Peuple. D’après eux, les hauts cadres de la CNRPS, et à leur tête le PDG Imed Turki, cherchent à induire l’opinion publique en erreur et d’influencer le processus de justice en vue de gagner leur confiance et la légitimité de mettre à la rue, les  familles habitant les  9 immeubles. Ils ont dans ce contexte appelé les autorités concernées à intervenir pour mettre un terme à l’injustice dont ils font l’objet.
Selon eux, l’ouverture d’une enquête minutieuse sur des soupçons de corruption qui planent autour de cette affaire, est désormais une nécessité.
Pour certains d’entre eux les constats relevés par des experts chargés par la CNRPS sont douteux. L’état des blocs d’immeubles où ils habitent, est loin d’être catastrophique et dangereux comme laissent entendre les rapports de leur expertise. Ces derniers ont en effet révélé la présence de grandes fissures dans les murs de certains blocs d’immeubles. Ces fissures risquent de se dilater selon les mêmes rapports et causer ensuite l’effondrement de ces immeubles.
D’autres ont dénoncé la décision injuste de la CNRPS qui n’a pas pensé, selon leurs dires, à leur fournir provisoirement des logements le temps que les travaux de réparation qui devraient avoir lieu dans leurs actuels logements, finissent. Ils ont dans ce contexte rappelé qu’en 1992, des locataires d’appartements appartenant à la CNRPS avaient bénéficié de logements provisoires pendant près de deux ans suite à une décision similaire. Ceci révèle, d’après leurs dires, la mauvaise intention de la CNRPS qui, traversant des difficultés financières, n’a pas trouvé mieux pour récupérer ses appartements, loués au profit de ces familles depuis de longues années, à des prix symboliques, pour pouvoir les vendre ensuite.

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Pour sa part, le PDG de la CNRPS, Imed Turki, a assuré que d’importantes fissures ont été constatées par deux différents bureaux d’expertise, dans 9 immeubles édifiés depuis 1980 tout en mettant l’accent sur la nécessité de l’évacuation de ces immeubles dans les plus brefs délais pour une intervention d’urgence.
Il a également assuré que la CNRPS a suspendu l’attribution d’appartements dans les gouvernorats du Grand Tunis afin de donner la priorité aux habitants des immeubles endommagés.

Une contre-expertise contredisant les dires de la CNRPS
Le rapport élaboré par le cabinet Excel Control a été, rappelons-le, contesté par les habitants de la cité qui ont assuré que les immeubles ne présentent aucun danger. C’est dans ce contexte qu’une contre-expertise a été lancée, après accord du Tribunal de Première Instance. S’appuyant sur les résultats de la contre-expertise, ce dernier s’est prononcé en faveur de l’annulation de l’évacuation des habitants de la cité. La délibération date du 17 janvier 2018.
La contre expertise a  indiqué que les immeubles mentionnés par la CNRPS nécessitent effectivement des travaux de rénovation. Cependant, ils ne constituent aucunement un danger nécessitant l’évacuation immédiate des lieux. Quant aux photos des immeubles au bord de l’effondrement dévoilées par l’institution, les habitants de la résidence La Maison Blanche ont assuré, photos à l’appui, qu’elles étaient mensongères.

Documents relatifs à la procédure lancée par la CNRPS

Documents de la contre-expertise et de la décision du Tribunal en faveur des habitants

Photos prises par des habitants pour prouver le bon état des immeubles

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