La Fédération générale de la santé, accompagnée des syndicats des médecins, pharmaciens et dentistes hospitalo-universitaires et de santé publique, a organisé ce 17 avril 2025 une journée de colère devant le ministère de la Santé. Objectif : dénoncer la dégradation du service public et protester contre des condamnations jugées injustes à l’encontre de professionnels de santé.
Les manifestants ont réclamé la révision des verdicts prononcés contre trois cadres de l’Hôpital de gynécologie-obstétrique, condamnés à dix ans de prison dans l’affaire dite des nouveau-nés. Ils appellent à l’adoption d’un cadre juridique protégeant à la fois les patients et les soignants, ainsi qu’à l’ouverture de négociations pour réformer le fonctionnement des hôpitaux publics.
Face à ce qu’ils considèrent comme un déni de justice, les syndicats annoncent une grève générale du secteur de la santé publique prévue le 24 avril 2025.
Les professionnels de santé dénoncent l’injustice subie par leurs collègues
S’exprimant au micro de Réalités Online, Dr Mariem Guerfali, secrétaire générale de l’Association tunisienne des pharmaciens hospitaliers, a dénoncé l’injustice subie par ses collègues condamnés dans l’affaire des nouveau-nés.
« Aujourd’hui, Dr Raouf Jemai, la directrice de l’hôpital Wassila Bourguiba, ainsi que le directeur de l’entretien se retrouvent inculpés alors qu’ils n’ont fait que travailler avec des moyens limités », a-t-elle affirmé. Selon elle, ces professionnels n’ont cessé de lutter pour sauver des vies dans un contexte marqué par le manque chronique de ressources.
Reconnaissant la douleur des familles endeuillées, Dr Guerfali a insisté : « Les décès liés aux infections nosocomiales ne doivent pas conduire à l’inculpation des soignants. Partout dans le monde, de tels cas relèvent de la responsabilité des autorités sanitaires, non des personnels hospitaliers. »
Elle a rappelé que la future loi sur la responsabilité médicale, dont les décrets d’application sont attendus, établira clairement que les infections nosocomiales ne peuvent être imputées individuellement aux soignants.
Il convient de rappeler que la chambre correctionnelle de la Cour d’appel de Tunis a confirmé les peines infligées aux accusés dans l’affaire du décès de plusieurs nouveau-nés à l’hôpital de la Rabta. Chaque accusé a été condamné à huit mois de prison pour chacun des quatorze chefs d’accusation, portant la peine totale à plus de dix ans de réclusion, les peines n’ayant pas été fusionnées.
La Cour a également ordonné l’octroi d’une indemnité de 30 000 dinars à chacune des familles endeuillées.
Les condamnés étaient poursuivis pour avoir fourni des substances ou accompli des actes ayant provoqué une défaillance menant à une mort non intentionnelle, conformément aux dispositions de l’article 315 du Code pénal tunisien.