L’affaire de la mort du nourrisson de l’hôpital de Farhat Hached de Sousse fait encore parler d’elle, et plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer « l’inhumanité au sein de l’établissement sanitaire ». Le doute plane encore sur les circonstances d’une affaire qui a pris beaucoup d’ampleur, mais plusieurs se sont donnés à cœur joie en mettant ouvertement en cause la médecin placée en garde à vue.
Pour mettre les points sur les « i« , un comité d’experts indépendants, composé de plusieurs médecins spécialistes (gynécologues, médecins légistes, pédiatres, etc.), s’est réuni ce lundi 6 février, d’après Nabiha Falfoul, directrice générale de la Santé au sein du ministère de la Santé, qui s’est exprimée à Réalités Online. « Ils ont assuré, en se basant sur leur rapport, qu’il n’y a eu aucune erreur médicale dans l’affaire de l’hôpital de Sousse », a-t-elle déclaré, soulignant que le rapport sera présenté au Tribunal de Sousse aujourd’hui. La jeune médecin, d’après docteur Nabiha Falfoul, a accompli son devoir sur les plans scientifique et médical. « Nous espérons qu’elle sera libérée dans les plus brefs délais », a-t-elle dit.
La directrice générale de santé a déploré, par la suite, l’absence d’un cadre législatif relatif aux fautes médicales. « En Europe, on distingue la faute médicale délibérée de l’erreur involontaire. Or, la praticienne de Sousse a respecté les normes et la déontologie du métier, et pourtant elle a été sanctionnée, alors qu’elle s’est acharnée pour sauver le nourrisson », a-t-elle souligné.
Et d’ajouter : « il est important de travailler main dans la main pour lutter contre la diabolisation des médecins et de réinstaurer la confiance entre les médecins et l’opinion publique. Les médias professionnels doivent se mobiliser pour montrer que les réseaux sociaux n’ont jamais constitué une source d’information ».
C’est pour limiter les intox et les mauvaises interprétations que la directrice générale a souligné qu’un appel a été lancé par le ministère de la santé pour demander au comité national d’éthique médical de coopérer avec la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA) et le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT). L’objectif sera d’organiser un séminaire autour de « l’éthique médicale journalistique », qui incitera les professionnels des médias à traiter l’information objectivement, sans se fier aux sources non fiables.
« La jeune médecin a fait de son mieux »
D’autre part, des sources bien informées ont rejoint les affirmations de la directrice générale de la santé au sein du ministère de la Santé. Elles ont déclaré à Réalités Online que la version du père, relayée précédemment, était fausse. Le nourrisson mort représentait un danger pour sa propre mère et les praticiens ont œuvré pour sauver, au moins, cette dernière. Il était âgé de 27 semaines et présentait un indice Apgar de 1. Il s’agit d’un indicateur créé en 1952, et qui évalue le bien-être et les chances de survie des nouveaux-nés tout de suite après leur naissance, pendant 15 minutes. Il comporte 5 critères d’évaluation : la coloration du bébé, le rythme cardiaque, la respiration, le tonus musculaire et les réflexes. Selon le test Apgar, le nourrisson d’hôpital de Farhat Hached de Sousse a présenté des indicateurs qui n’ont pas dépassé la valeur 1, ce qui signifie que ses chances de survie étaient faibles.
Selon nos mêmes sources, se basant sur ces informations, la logique médicale stipulait que le nourrisson était déjà donné pour mort. Et compte tenu des moyens limités dont disposent les hôpitaux en Tunisie, il était impossible de le ramener à la vie. Pourtant, malgré cela, la jeune médecin a tenté de le réanimer, et ce pendant 20 minutes, conformément à la loi en vigueur. Mais ses tentatives ont été vouées à l’échec. « C’était un effort personnel honorable », selon les sources, qui ont déploré le fait que la jeune médecin, qui est une stagiaire, a été considérée comme étant la seule responsable de cet incident, alors qu’elle travaille sous la tutelle de son Senior qui, pour sa part, n’a pas été visé par l’enquête. « Elle avait agit conformément à la déontologie du métier », ont encore déclaré nos sources, qui se sont dites scandalisées par l’interprétation des médias qui se sont basés sur les témoignages d’un père incapable, dans son état de détresse, de comprendre les technicité du drame.
L’indignation du syndicat général des médecins et des pharmaciens
Intervenant dans la Matinale de Shems FM de ce lundi 6 février, Habiba Mizouni, secrétaire générale du syndicat général des médecins et des pharmaciens, a déclaré qu’il était inacceptable qu’une médecin soit mise en garde à vue juste car il y avait des soupçons d’une faute médicale qui n’a pas eu lieu.
Habiba Mizouni a, par la suite, déploré l’agissement des infirmières ayant placé le nourrisson décédé dans une boîte en carton. « Un acte inhumain », a-t-elle lancé, ajoutant que la médecin mise en cause n’était pas responsable de l’absence d’humanité dans les hôpitaux, encore moins du manque d’efficacité et de réactivité du ministère de la Santé. « Sans l’intervention des médecins, la mère du nourrisson aurait subi des complications. Ces derniers ont tout fait, par ailleurs, pour tenter de réanimer le bébé », a encore souligné la secrétaire générale du syndicat général des médecins et des pharmaciens.
« En aucun cas, je ne pourrai accepter que les praticiens soient traités comme des boucs émissaires. Ils subissent des campagnes de diabolisation, et celles-ci érodent la confiance entre médecins et patients », a-t-elle déclaré, insistant, à la fin, sur la nécessité de mettre en place une loi portant sur la spécificité du travail médical. « Le but sera de préserver les droits des patients et de protéger les médecins », a encore déclaré Habiba Mizouni.
Rappelons qu’une enquête a été lancée aussitôt que l’affaire de la mort du nourrisson a éclaté au sein de l’hôpital de Farhat Hached de Sousse. D’après Nabiha Falfoul, directrice générale de la santé au sein du ministère de la Santé, aucune faute médicale n’a été relevée. Elle a assuré que toutes les démarches ont été entreprises dans ce cadre, et que toutes les parties concernées ont été contactées. « Il ne faut pas personnifier l’affaire », a-t-elle, d’autre part, déclaré, pour commenter les propos de Habiba Mizoudi, qui a accusé le ministère de la Santé d’être responsable de la situation.