Affaire Fillon : des policiers à l’Assemblée pour obtenir des documents

Des policiers enquêtant sur la réalité des emplois exercés par l’épouse de François Fillon étaient mardi à l’Assemblée nationale pour se faire remettre des documents, au moment où les députés LR faisaient bloc derrière leur champion, très affaibli par cette affaire d’emplois fictifs présumés de son épouse.
C’est le nouvel épisode d’une affaire dévastatrice, révélée voici une semaine par Le Canard enchaîné, qui a déjà gâché le grand meeting de campagne du candidat de la droite, dimanche à Paris, et qui semble désormais concentrer quasi exclusivement l’attention autour de M. Fillon, à 82 jours de l’élection.
Mardi, Christian Jacob, chef de file des députés Les Républicains (LR), a déclaré à la presse avoir été informé dans la matinée par le président (PS) de l’Assemblée, Claude Bartolone, d’une « perquisition » en cours dans le bureau de M. Fillon au Palais Bourbon. D’autres sources, proches de l’enquête, évoquaient plutôt une remise de documents.
La veille, l’ancien Premier ministre et son épouse Penelope avaient été entendus –séparément– à Versailles par les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières (OCLCIFF). Le but: établir la réalité de l’emploi occupé par Mme Fillon comme collaboratrice parlementaire de son mari.
Après les révélations du Canard, Fillon avait lui-même demandé cette audition, assurant vouloir faire la transparence dans cette affaire dans laquelle il affirme n’avoir rien à se reprocher.
Par le passé, il y a eu six demandes de perquisitions à l’Assemblée sous la Ve République, toujours acceptées par le président, a-t-on précisé à l’Hôtel de Lassay, sans autre commentaire.
Les enquêteurs cherchent à déterminer si Mme Fillon a effectivement exercé une activité pendant les années où elle a été rémunérée en tant qu’assistante parlementaire, au côté de son mari, puis de son suppléant Marc Joulaud quand Fillon était au gouvernement ou à Matignon.
L’enquête porte aussi sur l’emploi de Mme Fillon à la Revue des Deux Mondes, rémunéré 5.000 euros brut mensuels entre mai 2012 et décembre 2013.
Selon Le Canard enchaîné, Mme Fillon, jusque-là sans profession connue, a touché environ 500.000 euros brut pour son travail à l’Assemblée, et quelque 100.000 à la Revue des Deux Mondes.
Les enquêteurs se sont aussi intéressés à cette revue, dont ils ont perquisitionné les locaux la semaine dernière. Lundi, le propriétaire de la revue, l’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière, PDG de Fimalac et proche de M. Fillon, a été également entendu dans les locaux de l’OCLCIFF, à Nanterre, près de Paris.
– Début de campagne « volé » –
Cette affaire est dévastatrice pour un candidat de la droite triomphalement désigné le 27 novembre au deuxième tour d’une primaire ouverte, dans laquelle il a successivement éliminé l’ex-président Nicolas Sarkozy et l’ancien Premier ministre Alain Juppé.
« On nous a volé notre début de campagne », s’est lamenté mardi Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat et proche de Fillon.
Le début de campagne était cependant laborieux avant même l’éclatement de cette affaire, M. Fillon ayant été la cible constante de la gauche et même d’une partie de son camp sur son programme économique au libéralisme revendiqué, de la fin des 35 heures à la réduction projetée de 500.000 emplois publics, en passant par la révision de la politique de santé.
Depuis une semaine, le candidat se défend pied à pied.
Dimanche, il a assuré lors de son grand meeting parisien n’avoir avec son épouse « rien à cacher » et affirmé posséder un « seul compte en banque, au Crédit agricole de Sablé ».
Fillon, qui, pendant la campagne de la primaire de la droite, avait attaqué M. Sarkozy sur le thème de l’intégrité –Qui imagine le général de Gaulle mis en examen? »– a lui-même fixé la ligne rouge: il ne pourrait maintenir sa candidature « si [son] honneur était atteint », s’il était « mis en examen ».
Hypothèse peu probable pour le candidat en termes de calendrier et de procédure avant l’élection présidentielle. Mais suffisante pour voir à droite s’esquisser l’hypothèse d’un « plan B », pour lequel rien n’est prévu dans les statuts du parti.

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