Le non-lieu accordé aux 4 accusés impliqués dans le meurtre de l’ancien coordinateur régional de Nidaa Tounes, Lotfi Nagdh, a enflammé la scène politique. Ridha Belhaj, membre de l’instance politique de Nidaa Tounes, a dénoncé l’injustice du jugement, dans une déclaration à Acharra Al Magharibi.
Belhaj considère que le président de la République est entièrement responsable d’un tel dénouement, soulignant que le Chef de l’État avait laissé le parti et la famille de Lotfi Nagdh livrés à eux-mêmes. « Ce jugement découle de la couverture politique dont jouissaient les accusés », a-t-il souligné, ajoutant qu’un recours en appel sera fait par la Défense et que l’action se poursuivra dans l’objectif de « lever le voile sur la vérité ».
Dans ce contexte, Ridha Belhaj a appelé les dirigeants de Nidaa Tounes à se réunir le 20 novembre prochain, afin de prendre des « décisions fermes » sur le dossier de Lotfi Nagdh et sur celui de l’avenir du parti.
Slim Riahi parle d’une affaire politisée
Pour Slim Riahi, président de l’Union Patriotique Libre (UPL), l’affaire de Lotfi Nagdh est « politisée ». « Il faut être prudent, car un appel devrait être fait », a-t-il ajouté dans une déclaration à une station radiophonique. « On sait qu’un appel peut changer la donne. Il faut éviter d’envenimer la crise. Le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) qui vient d’être élu, sera la principale référence dans cette affaire », a-t-il précisé, soulignant que si un jugement politisé était annoncé, ce serait le résultat d’un consensus conclus entre les partis politiques. « C’est la règle du jeu, de nos jours en Tunisie : les partis veulent gouverner ensemble. Il n’y a pas de réelle opposition dans le pays », a fustigé Slim Riahi, qui considère que les grands partis gouvernent ensemble et que les autres « petits » partis, tel que le Front Populaire, ne représentent qu’une minorité au sein du peuple.
Machrou3 Tounes accuse les ligues de protection de la révolution
Machrou3 Tounes s’est dit surpris par le jugement du Tribunal de première Instance de Sousse. L’aspect politique du meurtre de Lotfi Nagdh a également été souligné par le mouvement, accusant ouvertement les ligues de protection de la révolution (LPR) et « ceux qui les soutiennent avec un discours extrémiste ».
Dans ce contexte, Machrou3 Tounes a lancé un appel à toutes les forces nationales, les incitant à « protéger les droits du martyr et de sa famille », ajoutant qu’une ligue d’avocats sera formée dans le but de défendre le droit de Lotfi Nagdh pendant la procédure d’appel.
Al Massar prône la réforme du système judiciaire
Autre réaction : celle d’Al Massar, qui a évoqué « une non considération du sang du martyr ». Le parti, dans son communiqué officiel, a demandé à la présidence de la République et du gouvernement de respecter le principe du Pacte de Carthage, qui stipule l’importance de révéler l’identité de ceux qui ont participé dans des crimes politiques.
Al Massar a insisté, d’autre part, sur l’importance d’une justice indépendante dans le processus de transition démocratique, appelant à l’application de la loi contre les criminels et contre leurs protecteurs. Le parti a demandé, à la fin, au CSM et aux juges « honnêtes » de « se tenir debout et d’être solidaires avec les âmes des martyrs de la patrie, en réformant tout le système judiciaire ».