L’arrestation de l’ancien directeur général de l’unité nationale d’investigation dans les crimes terroristes d’El Gorjani, Saber Laajili, pour atteinte à la sûreté de l’Etat est illégale, selon son comité de défense, dont les membres se sont exprimés ce lundi 18 décembre 2017 lors d’une conférence de presse à Tunis. « Il existe des inductions en erreur dans son dossier », a déclaré Me Kamel Boujah, membre du comité de défense.
Ce dernier affirme que des parties politiques interviennent dans ce dossier, notamment Sahbi Ben Fredj, député d’Al Horra de Machrou3 Tounes à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Ses déclarations, considère l’avocat, sont fausses. « Lors de leur audition, le chef de la section au sein de l’unité anti-terroriste d’El Gorjani et le directeur au sein de la même unité ont démenti ces propos. Ils ont affirmé que des sécuritaires ont été affectés suite à des différends politiques, dont Saber Laajili », a déclaré Kamel Boujah.
Saber Ajili a rencontré Chafik Jarraya pour obtenir des informations sur des terroristes tunisiens en Libye
L’avocat poursuit en affirmant que l’enquête a prouvé que Chafik Jarraya, homme d’affaires controversé placé en résidence surveillée pour corruption et atteinte à la sûreté de l’Etat, s’est rendu le 29 février 2017 à El Gorjani pour rencontrer Saber Laajili. L’homme d’affaires, selon l’avocat, a parlé à Saber d’un avocat libyen dont le frère travaille dans l’une des prisons libyennes où des tunisiens sont emprisonnés. Parmi ces tunisiens, figure le terroriste Hamza Jarii, d’après Kamel Boujah, Ce dernier, rappelons-le, est impliqué dans l’attentat perpétré contre le bus de la Garde présidentielle sur l’avenue Mohamed V, le 24 novembre 2015.
Chafik Jarraya, poursuit l’avocat, a assuré que les sécuritaires tunisiens pouvaient profiter de ces contacts afin d’obtenir des informations importantes. « Chafik Jarraya a donc contacté Imed Achour, ancien directeur général des services spécialisés pour le tenir au courant. Ce dernier a, à son tour, pris contact avec Najem Gharsalli, alors ministre de l’Intérieur qui, de son côté, a informé le Chef du gouvernement de l’époque, Habib Essid », a encore expliqué Kamel Boujah.
L’ancien Chef du gouvernement, poursuit le membre du comité de défense, a donné son accord à Najem Gharsalli pour ouvrir le dossier. Le ministre de l’Intérieur de l’époque a, de ce fait, autorisé Imed Achour à rencontrer Chafik Jarraya. Après cette rencontre, Imed Achour a ordonné à ses agents de vérifier l’authenticité des informations fournies par l’homme d’affaires controversés. Une fois chose faite, Imed Achour a donné son accord à Saber Laajili pour qu’il puisse rencontrer, à son tour, Chafik Jarraya et l’avocat libyen dont avait parlé au départ Jarraya – Walid Kechlef -.
La rencontre a fini par avoir lieu, d’après le membre du comité de défense en présence, notamment, du responsable de la direction sectorielle d’investigation au sein de l’unité anti-terroriste d’El Gorjani.
Ce dernier a, dans ce contexte, demandé à l’avocat libyen de contacter son frère travaillant dans les prisons libyennes où se trouvent des terroristes tunisiens, et ce afin d’obtenir des renseignements sur eux. « Défendre Saber Laajili, c’est défendre l’institution sécuritaire à laquelle on n’a eu de cesse de porter atteinte depuis 2011 », a déclaré Mehdi Bachaouch, l’un des agents de la direction générale des unités d’intervention, également présent lors de la conférence de presse organisée par le comité de défense ce lundi.