Affaire Ulysse : le capitaine téléphonait et échangeait des SMS

Crédit photo : Préfecture maritime de la Méditerranée

L’erreur humaine a été confirmée par une commission d’experts au sujet de la collision entre le roulier Ulysse de la Compagnie Tunisienne de Navigation (CTN) et le porte-conteneur chipriote CLS Virginia.
Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi 7 janvier 2019, le directeur général du transport maritime et des ports, Youssef Ben Romdhane, a indiqué que le capitaine du navire a quitté la cabine de contrôle à 5h30 pour inspecter le bateau. Or, l’alerte sur la position de l’autre bateau a été donnée à 5h50, lorsque le capitaine n’était plus aux commandes. Il ne s’était, de ce fait, pas rendu compte de l’alerte à temps. Résultat : la collision a eu lieu à 6h. « L’enquête a prouvé que le capitaine du navire n’avait pas fait attention et qu’il n’était pas assez vigilant. Il était occupé par des appels téléphoniques et par un échange de SMS personnels. Son esprit était ailleurs. Il a aperçu le bateau CLS Virginia à une distance de 20 milles. Pourtant, il a gardé la même vitesse de navigation et il n’a pas changé de direction », a expliqué Youssef Ben Romdhane.
D’autre part, le directeur général a indiqué que le capitaine du navire CLS Virginia était également occupé par un appel téléphonique. « Ses propos étaient contradictoires. Il n’y a eu aucun contact avec le radar », a-t-il précisé, ajoutant que lors de l’accident, 600 tonnes de pétroles étaient à bord des deux navires. Cependant, le carburant qui s’est répandu en mer était celui du roulier Ulysse.
D’autre part, Youssef Ben Romdhane est revenu sur le retard constaté dans le déroulement de l’enquête. « Le retard enregistré est de 3 mois. Il a été causé par l’importance et la longueur des procédures nationales et internationales liées à l’enquête », a-t-il expliqué. L’enquête a débuté à l’échelle internationale, dans le cadre d’une collaboration avec les autorités françaises et chypriotes. Par la suite, c’était au tour du ministère du Transport d’ouvrir sa propre enquête. « L’équipage des deux navires ont été auditionnés dans le cadre des enquêtes, au même titre que le personnel des tours de contrôle et du bureau des investigations maritimes en France. Dans ce même contexte, les enregistrements effectués au sein des navires ont également été examinés. Ces éléments ont permis d’examiner la vitesse de rotation des moteurs », a encore expliqué Youssef Ben Romdhane.

Les parties chypriotes fuient leurs responsabilités
Qu’en est-il des assurances ? D’après le directeur général du transport, les contrats signés par la CTN obligent les assureurs à dédommager la Compagnie et à prendre en charge les dédommagements des dégâts causés par l’assuré. Il a indiqué, dans ce même contexte, que la saisie du bateau Carthage par les autorités françaises suite à l’incident a été suspendue après le versement d’une caution de 13,5 millions d’euros.
D’un autre côté, les bateaux Ulysse et CLS Virginia font l’objet d’une procédure pénale lancée par l’Office de la marine marchande et des ports selon Youssef Ben Romdhane. « 11 millions de dollars ont été débloqués par les associations de protection de la mer pour nettoyer la mer polluée suite à la collision des deux navires. Par ailleurs, 10 millions de dinars ont été débloqués pour assurer les réparations du roulier Ulysse qui se trouve actuellement à Bizerte. Il devrait reprendre du service dès juillet 2019 », a encore expliqué le directeur général. Néanmoins, le remplacement temporaire du navire va alourdir ces coûts d’ores et déjà lourds. De fait, d’après la même source, un navire de remplacement a été loué par la CTN pour 20 000 euros par jour, et ce jusqu’à avril 2019.
On apprend, par ailleurs, que le navire CLS Virginia a été revendu en Turquie juste après la collision d’octobre 2018, ce qui constitue, selon Youssef Ben Romdhane, une manière pour les parties chypriotes de fuir leurs responsabilités. Pas seulement : les membres de l’équipage du même bateau ont refusé de répondre aux questions des enquêteurs. « Le navire CLS Virginia a accosté dans une zone maritime interdite car elle constitue un point de passage pour d’autres navires », a encore déclaré le directeur général du transport.

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