L’agression dont ont été victimes nombre de journalistes présents lors d’une manifestation d’activistes opposés au référendum du président de la République, Kaïs Saïed, soulève plusieurs interrogations et remet à l’ordre du jour l’avenir de la liberté de la presse et le droit des journalistes d’exercer leur métier en toute sécurité sans avoir à subir les exactions et autres agissements des forces de sécurité. Le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), tabassé par la police et a même dû être pris en charge par des agents de la protection civile, une journaliste, notre collègue Yosra Chikhaoui, de Hakaek Online agressée physiquement et verbalement (le certificat médical ci-joint en témoigne) sans raison valable si ce n’est qu’elle était là pour couvrir cette manifestation. Le moins qu’on puisse dire c’est que ce comportement est odieux et constitue une grave atteinte, voire un crime contre la démocratie que rien ne justifie.
Cela ternit même le déroulement de cette campagne référendaire qui se voulait, selon son initiateur, le président de la République, une occasion pour que tout le monde s’exprime librement quelle que soit sa tendance.
Plus encore, cela remet en question le projet de constitution – assuré il faut le souligner de passer – et les garanties qu’il offrirait pour la pratique démocratique. A condition que les concepts et valeurs changent en fonction des intérêts des uns et des autres.
Le président n’a pas besoin de ce genre de pratiques qui en font la cible de toutes les attaques et critiques.
Cette politique de répression policière adoptée à l’encontre des journalistes est condamnable à tous points de vue.
Alors que les opposants au projet de constitution de Kaïs Saïed crient sur tous les toits qu’il y a un réel risque de dérapage vers un régime dictatorial, ces violences policières sont des signes avant-coureurs de cette dictature d’autant qu’elles bénéficient de l’impunité totale.
Ce qui s’est passé, vendredi 22 juillet – soit trois jours avant le fameux 25 juillet qui marquera désormais la naissance de la nouvelle République – est, pour les journalistes et les médias, un signe avant-coureur de journées sombres et de temps durs pour la liberté d’expression. Il n’échappe à personne, que la main mise et le contrôle strict et direct des autorités de la ligne éditoriale des médias publics notamment ceux confisqués n’en sont que l’illustration.
Le président de la République est aujourd’hui appelé à agir de telle sorte que cette pression exercée sur les gens de la presse et les agressions qu’ils subissent à chaque sortie cessent. Il est également plus qu’urgent de mettre un terme à toutes ces tentatives de musellement des médias qui ne feront que porter préjudice à toute expression libre et atteinte à l’image de notre pays qui par les temps qui courent n’est pas assez reluisante.
A moins que, comme l’a annoncé Ridha Chiheb Mekki – lire Ridha Lenine – « le moment du tri est arrivé ». De quel tri parle-t-il ?
Wait and see.
F.B