Agriculture : expansion d’un partenariat modèle

L’agriculture a toujours recelé des possibilités inépuisables de croissance économique, de développement régional et de justice sociale. Malheureusement, elle n’a pas bénéficié jusqu’ici d’une vision à long terme de son développement avec les investissements nécessaires, les mécanismes adéquats et les partenariats extérieurs appropriés pour permettre une expansion rapide.

Il faut dire que pour trois raisons fondamentales le monde rural souffre de certaines inerties qui constituent des obstacles à des mutations qualitatives et quantitatives rapides.

Tout d’abord, la complexité du statut foncier des terres agricoles, qui empêche souvent d’être considéré par les banques comme une garantie suffisante pour l’obtention des crédits, ce qui empêche souvent les exploitants agricoles de procéder aux investissements de modernisation nécessaires. Il y a également le morcellement excessif, sinon l’effritement, de la propriété et de l’exploitation, qui sont un facteur de rentabilité négatif : la moitié des exploitations ont une superficie inférieure à 5 hectares, ce qui ne permet pas de rentabiliser les investissements. A cela, il faut ajouter l’âge avancé des exploitants qui ne favorise pas la modernisation des techniques de culture.

Enfin, il y a la sécheresse du climat, qui frappe 2/3 des terres cultivables, ce qui ne favorise pas non plus l’intensification des cultures et fait de l’irrigation un facteur décisif pour le développement de notre agriculture.

Notre pays dispose de multiples atouts majeurs, naturels et techniques en matière d’intensification des cultures et de valorisation des produits agricoles de qualité issus de nos terroirs et susceptibles d’être exportés de façon avantageuse sur les marchés extérieurs.

Le meilleur moyen de mettre à profit ces potentialités c’est la conclusion de partenariats ciblés et porteurs entre producteurs locaux et partenaires étrangers qui maîtrisent les circuits de commercialisation en Europe et connaissent les besoins de la clientèle.

C’est le cas d’un investisseur espagnol, Sunlucar, spécialisé dans la production et l’exportation sur les pays de l’UE, qui a investi en Tunisie depuis 2008 en coopération étroite avec un partenaire tunisien, Adel Tlili, propriétaire de l’enseigne “La 5ème saison”. Le projet initial, implanté dans la région d’El Hamma sur 60 ha, est spécialisé dans la production de tomates fraîches sous serres chauffées et irriguées par les eaux géothermiques. Il permet d’obtenir des produits de qualité avec des rendements élevés (jusqu’à 300 tonnes/ha), exportés pour 90 % vers l’Autriche et l’Allemagne. L’activité procure 900 emplois à des ouvriers et des cadres techniques.

Malgré l’instabilité socio-politique des évènements postrévolutionnaires le partenaire espagnol est disposé à investir et à développer encore plus ses projets.

La gestion de la crise a d’ailleurs été sage en 2011 grâce au dialogue avec le personnel, une augmentation des salaires de 30 %, une prime de scolarité et de déplacement ainsi que la formation du personnel.

C’est ainsi que M. Santiago Galan, représentant de la société, vient de signer avec l’APIA un accord relatif à la réalisation d’un important projet d’investissement portant sur 169ME et 3000ha sur sept ans.

Il s’agit de créer près de 25 000 emplois dont 10 % de cadres, entre ingénieurs et techniciens. Au cours d’une cérémonie présidée par M. Mohamed Ben Salem, ministre de l’Agriculture, ce projet a reçu, sur 10 candidats déclarés, le prix du meilleur projet décerné par l’APIA.

Il s’agit de l’extension du projet d’El Hamma de production de fruits et légumes sur plusieurs autres régions : Tozeur, Kasserine, Sidi Bou Zid, Bizerte, Le Cap Bon… Le représentant de “Sunlucar Fruits, SL” est enthousiaste pour ce qui est du climat de l’investissement agricole en Tunisie. Il attend des travailleurs plus de productivité et d’efforts dans leur tâche quotidienne et leur promet des rémunérations proportionnelles à leur productivité.

Il faut dire qu’en 2011 Sunlucar a déjà procédé à une extension de son projet avec 12 ha de cultures de tomates procurant ainsi 200 emplois supplémentaires, soit un investissement conséquent de 20MD.

En outre, il est prévu une deuxième extension de 18 ha en 2013, ce qui prouve qu’une agriculture intensive, menée de façon moderne et rationnelle, est rentable, surtout si elle est intégrée et commercialisée selon des circuits rigoureux et correspond aux attentes des marchés et de la clientèle.

Pour les fruits, ce sont des agrumes, des fruits à pépins, à noyaux et des fruits rouges en plus des légumes. Le producteur tire profit aussi bien du facteur primeur qu’arrière-saison, ainsi que des espèces et saveurs du terroir tunisien.

Quatre centres de conditionnement de fruits et légumes avant exportation ont été prévus à Gabès, Regueb, Korba et Tunis.

Il y a lieu de préciser qu’il n’est pas question de vente de terres agricoles, mais d’exploitation et d’investissement en partenariat créateur d’emplois avec des avantages fiscaux au profit des promoteurs.

Il existe un projet modèle pour d’autres investisseurs qui constitue un domaine prometteur pour l’avenir.

 

Par Ridha Lahmar

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