Par Ridha Lahmar
Conséquence : plusieurs indicateurs inquiétants sont là pour attester du retard accusé en la matière : déficit structurel de la balance extérieure agricole et agroalimentaire ainsi que l’ampleur de nos importations en céréales (entre 10 et 20 millions de quintaux par an), le renchérissement excessif des prix des fruits et légumes sur le marché du fait de la désorganisation des circuits de distribution et le poids hégémonique des spéculateurs, l’existence de terres non exploitées dans les régions aux sols riches et au climat pluvieux et même dans les périmètres irrigués publics.
A cela, il faut ajouter la sous exploitation des terres domaniales faute d’investissements publics conséquents et le chômage endémique dans les zones agricoles à l’origine actuellement d’un exode rural inquiétant vers les villes.
Pourtant, l’agriculture revêt un caractère stratégique et son rôle en matière de sécurité alimentaire nationale est reconnu.
Même si l’agriculture ne participe qu’à hauteur de 13% au PIB, elle renferme des gisements importants de développement qu’il va falloir savoir explorer et exploiter.
Sur 6 millions d’hectares : 1,50 MH sont consacrés aux céréales et 1,50 MH à l’arboriculture, le reste soit la moitié consiste en parcours extensifs, forêts et en terres non exploitées en raison du climat semi-aride et de l’appauvrissement des sols.
Pourtant, les potentialités de l’agriculture tunisienne sont énormes, malheureusement les dysfonctionnements et la mauvaise gestion sont partout présents, causant des contre performances, graves de conséquences sur le volume et la qualité des productions.
Parmi ces lacunes on peut citer, le manque de fourrages sur le marché pour l’alimentation du cheptel et leur prix prohibitif engendrant souvent l’abattage des animaux d’élevage pour cause de non-rentabilité. Le manque de semences sélectionnées et d’engrais comme le DAP au moment des semailles est à l’origine de la perte au cours de la compagne céréalière 2014-2015 environ 45% des emblavures.
La gestion cacophonique des périmètres irrigués publics confiés aux associations (non-paiement des factures STEG, non-paiement des factures d’eau) empêchent l’intensification de l’exploitation des périmètres irriguées qui auraient pu procurer des millions de journées additionnelles d’emplois et rapporter des recettes substantielles aux exploitants.
Deux actions fondamentales s’imposent : favoriser, d’abord, l’investissement dans l’agriculture par des incitations spécifiques que ce soit dans le secteur public (terres domaniales) ou le secteur privé avec pour objectif d’intensifier la production et de moderniser les modes d’exploitation.
Permettre, ensuite, au plus grand nombre d’exploitants agricoles d’accéder au crédit bancaire (actuellement 11% seulement), cela implique un grand effort en termes d’assainissement de la situation foncière agricole.
C’est par ce moyen qu’il sera possible d’exploiter de façon optimale les avantages comparatifs que possède notre pays à savoir la possibilité de tirer profit de la possibilité d’écouler sur le marché européen notamment des produits primeurs et biologique …
Notre proximité s de l’Europe n’est pas suffisamment mise à profit pour l’exportation de nos produits agricoles de qualité, par la valorisation de produits ayant un label, le respect strict de la traçabilité et des normes de qualité, et la promotion du label bio pour valoriser les produits AOC (appellation d’origine contrôlée).
Quand on sait que nos terres fertiles sont limitées, il est devenu impérieux de revoir de fond en comble nos stratégies dans le domaine en privilégiant les cultures intensives et à forte valeur ajoutée, en préservant et valorisant nos spécificités culturales. Une fois ces conditions réunies, il sera possible que ce secteur devienne un vecteur de création d’emplois et de création de richesses.