Ce qui est regrettable en Tunisie et ailleurs, c’est la récupération politique. Même les événements les plus heureux, censés être dénués de la moindre dose politique, ne sont pas épargnés. C’est le cas du phénomène de Ahmad Hafnaoui. Le Champion Olympique est revenu en Tunisie ce mardi 1er 2023. D’ailleurs, notre cadreur et journaliste, Riadh Sahli, était sur place à l’aéroport Tunis-Carthage pour couvrir l’événement.
Jusque-là, tout va bien. Seulement, les responsables de l’État présents sur place n’ont pas pu s’empêcher de se livrer à un affrontement à peine déguisé. Il s’agit du ministre des Sports et de la Jeunesse, Kamel Deguiche, et du Président du Comité National Olympique Tunisien, Mehrez Boussayene, qui a déjà fait de la politique dans le passé puisqu’il était candidat à la présidentielle.
Les deux responsables, censés travailler ensemble, s’attribuaient le mérite de la réussite de Ahmad Hafnaoui. D’une part, le ministre affirme que l’exploit du jeune homme s’explique, notamment, par « la politique réussie » de son département. De son côté, Mehrez Boussayene affirme que Ahmad Hafnaoui est « une découverte du Comité National Olympique Tunisien ».
C’est sans doute la raison pour laquelle la Tunisie peine à avancer: certains responsables au sein de l’État oublient – ou daignent le faire – que la réussite de l’un est, normalement, celle des autres. L’esprit de compétition, qui marque la scène politique et nationale, ne mène à rien. Quoique si: il nous a conduit vers la situation actuelle.
Faut-il souligner que les deux responsables se trompent lourdement. Avant les JO de Tokyo, Ahmad Hafnaoui s’entraînait tout seul en pleine mer à La Marsa, alors que les piscines municipales étaient toutes fermées à cause de la crise sanitaire. D’un autre côté, le jeune sportif a visiblement compris le jeu de mauvais goût du ministre et du président du CNOT.
Sur son profil Facebook, il a su réagir avec élégance à cette bataille d’opportunistes. « Ils ont été avec moi pour de bon, hier, aujourd’hui et demain si Dieu le veut. Merci ma famille », a-t-il écrit. Point à la ligne.
F. K