Le premier long métrage fiction de Sonia Chamkhi, « Aziz Rouhou » (Narcisse), sélectionné aux JCC, à la compétition « première œuvre », est projeté dans plusieurs salles de Tunisie depuis dimanche 14 février 2016. Ce film qui regroupe les acteurs Aicha Ben Ahmed, Ghanem Zrelli, Fatma Ben Saidane, Jamel Madani… a fait couler beaucoup d’encre et ce, depuis la diffusion de sa Bande d’annonce.
A cette occasion, la star Aicha Ben Ahmed, a accordé à Réalités Online cette interview.
Vous êtes une actrice connue en Tunisie mais aussi à l’étranger. Comment vous est venu l’amour du cinéma, comment êtes vous tombée dedans ?
C’était vraiment par pur hasard, c’est le réalisateur Nouri Bouzid qui m’a remarquée. Il m’a dit que je suis faite pour être actrice. Je n’ai pas pris cette histoire au sérieux, je n’avais aucune idée sur le métier d’actrice. Nous avons travaillé ensemble sur un personnage, mais sans suite. Mais ça m’est resté en tête, j’ai commencé à vouloir apprendre le métier et un jour j’ai décidé de tenter ma chance dans les mondes du cinéma et du théâtre. J’ai commencé par suivre des cours de théâtre et j’ai participé à plusieurs castings avant d’être choisie pour un rôle principal dans un film syrien intitulé « Mon dernier ami ». Après cette première expérience, j’ai joué plusieurs rôles dans des films tunisiens, arabes et européens.
Votre famille vous a-t-elle soutenu dans votre carrière ?
Comme toutes les familles tunisiennes, la plupart conservatrices, la mienne n’était pas d’accord pour que je me lance une carrière d’actrice. Au début, ma famille m’a découragée. Mais après mon interprétation en tant que premier rôle dans le long métrage tunisien « Jeudi après-midi », ils ont changé d’avis et commencé à m’encourager et à croire en mon avenir en tant qu’actrice professionnelle.
Si vous vouliez remercier quelqu’un parmi les professionnels du cinéma, ça serait qui?
Sans trop réfléchir, c’est Mohamed Dammak. C’est le premier réalisateur qui a cru en moi en m’accordant le premier rôle alors que je n’avais aucune expérience cinématographique. C’était ma première grande expérience, il a pris le risque, m’a ouvert plusieurs portes et c’est grâce à lui que j’arrive à m’affirmer aujourd’hui.
Parlez nous de votre nouveau film, sorti cette semaine.
Le film « Narcisse » ou « Aziz Rouhou », raconte l’histoire de Hind, une jeune comédienne de théâtre qui interprète le premier rôle dans une pièce mise en scène par son mari. La pièce traite le vécu tragique de Hind et de son frère cadet, Mehdi, un célèbre chanteur homosexuel. Tous deux ont étés opprimés par leur frère aîné, un extrémiste religieux. Hind veut reprendre la pièce écrite par son mari. En même temps, elle décide d’affronter les secrets de sa terrible enfance.
Le film évoque la situation de l’artiste en Tunisie qui s’est dégradée après la révolution. Il traite également du vécu tragique des homosexuels, violentés et menacés de mort.
Le sujet du film est un tabou de la société tunisienne, est-ce que cela vous a posé des problèmes?
Bien qu’il n’y ait rien de vraiment choquant dans le film, ça m’a posé plusieurs problèmes. Des campagnes de dénigrement ont été lancées contre les différents acteurs de ce film parce que nous avons défendu cette minorité. Nous appelons les gens à ne pas rejeter cette minorité de notre société. J’ai même subi des menaces de la part de certains extrémistes religieux sur la page de Mosaïque FM. Je compte porter plainte auprès des autorités contre une personne qui a menacé tous les acteurs du film dans un commentaire, sur ma page officielle.
Est-ce que vous avez trouvé des difficultés à jouer ce rôle principal ?
L’interprétation du rôle de Hind n’était pas facile. Nous avons travaillé là-dessus durant plusieurs semaines. Nous avons consacré un mois et demi pour la préparation et la répétition. Un peu comme s’il s’agissait d’une pièce de théâtre. Ce film m’a fait passer à un nouveau stade dans ma carrière de comédienne professionnelle.
D’après plusieurs critiques, la première partie du film ne vaut pas la seconde, qui est excellente qu’en pensez-vous ?
Oui j’ai entendu dire que plusieurs téléspectateurs n’ont pas beaucoup apprécié la première partie du film. En fait, le film va crescendo et je pense que ce n’est, de la part des téléspectateurs que de l’impatience. Il y a énormément d’émotions dans ce film. Il y a des personnages très bien construits. Le film porte beaucoup de messages profonds. J’ai assisté jusque-là à 3 projections et j’ai de très bons échos. Les cinéphiles ont été touchés y compris des femmes voilées qui sont venues me féliciter pour ce travail.
Vous avez l’avantage d’être à la fois une bonne actrice et une jolie femme, est ce que l’aspect physique vous a aidé dans votre carrière ?
Merci pour le compliment. Franchement je ne sais pas… Je ne sais pas si, au début de ma carrière, j’ai été choisie pour mon physique. C’est possible. Tout ce que je sais c’est que j’ai fais très sérieusement mon travail. D’ailleurs, je viens d’interpréter le rôle d’une femme de 50 ans dans un nouveau film, c’est bien la preuve que mon interprétation n’a rien à voir avec le côté esthétique de mon physique.
Est-ce qu’au début vous choisissiez vos rôles, ou est-ce que vous acceptiez tout ce qui se présentait à vous ?
Non, je ne peux pas accepter n’importe quel rôle, j’ai refusé de jouer dans plusieurs films où les rôles qu’on m’a proposé ne me plaisaient pas. Je refuse systématiquement un rôle qui ne m’apporte rien dans ma carrière professionnelle.
Est-ce que vous regrettez des rôles que vous avez joués ?
Je regarde souvent mes interprétations et je tente toujours de m’autocritiquer. Je suis exigeante avec moi-même.
Quels sont vos futurs projets?
J’ai actuellement deux films qui vont sortir prochainement. Le long métrage du réalisateur égyptien Samir Seïf et du producteur tunisien Abdalaziz Ben Mlouka « Ebni Doumou3iha ». Ce film traite les principales étapes historiques de la vie du célèbre philosophe, religieux, scientifique et théologien berbère, Saint Augustin d’Hippone. Dans ce film je joue le rôle de Sainte Monique, la mère de Saint Augustin.
Vous prévoyez d’entamer une carrière de réalisatrice ?
Pas du tout. La réalisation ne me dit rien. Par contre j’aimerais bien écrire un jour des scénarios.
Le dernier livre que vous avez lu ?
Auparavant je ne lisais que des livres en Français, mais ça fait un an que j’ai commencé à lire en Arabe. Le dernier livre que j’ai lu est du réalisateur égyptien Mohamed Al Khan « Mokhrej ‘ala al tarik » (Le réalisateur sur la route). En ce qui concerne les livres en Français, le dernier que j’ai lu c’était le roman de Elif Shafak « Soufi, mon amour ». J’encourage les gens à lire ce magnifique roman.
Le bonheur selon vous ?
Le bonheur parfait c’est ma famille et la réussite dans ma vie professionnelle et personnelle.
Le principal trait de votre caractère ?
L’affection
Celui dont vous êtes le moins fière ?
L’impulsivité
Les qualités que vous préférez chez un homme ?
Le niveau culturel, la modestie, la virilité et aussi l’aspect physique.