Aïn Soltane… Des promenades pour les jeunes

A force de proposer des objectifs de promenade, en Tunisie à des adultes, il nous a paru nécessaire d’en offrir quelques uns aux « jeunes ». Nous en connaissons plusieurs dans différentes régions. Mais, ils ne peuvent pas y aller tous seuls. Il faudra que des « grands » les y emmènent et les y « encadrent ».

Aïn Soltane

Connaissez-vous ce village de Khroumirie, niché dans la forêt à l’extrémité nord du Parc national d’El Feïja ? Sinon, allez-y vite : j’ai déjà écrit qu’il fallait absolument « récupérer » tout notre environnement. A partir de Ghardimaou, deux routes, aussi pittoresques l’une que l’autre y mènent. L’une, « grandiose », conduit au parc national d’El Feïja qu’on traversera. Aïn Soltane est située à la sortie nord, légèrement à droite de la piste principale. L’autre passe devant de superbes fermes coloniales « réhabilitées », sinue entre de belles plantations d’oliviers, puis grimpe entre les énormes souches d’eucalyptus coloniaux, sciés, hélas, il y a quelques années. Elle débouche directement dans ce qui était, naguère, le « camp de jeunesse », aujourd’hui gardé par un poste de la Garde nationale. Les maisons des villageois sont éparpillées sous les grands chênes.

Le « Camp » a été d’abord un camp de scouts à l’époque du protectorat. En 1940-41, il est devenu un « Camp de jeunesse » où les jeunes gens en âge d’aller au service militaire étaient envoyés : l’armée française n’étant plus qu’un embryon. Après la guerre mondiale, il redevient un camp pour les scouts et les « colonies de vacances » puis, petit à petit, il tombe dans l’oubli. Tout le monde avait oublié l’énorme mouvement populaire lancé, en France, en 1936 et suivi en Tunisie par les autorités du protectorat, par un secrétaire d’Etat à la Jeunesse : Léo Lagrange. Il a voulu « sortir la jeunesse » des banlieues aux logements insalubres, lui faire connaître le pays et former, à la plage comme à la campagne, la montagne n’était pas encore à la mode, une jeunesse saine et sportive. Après l’Indépendance, la Tunisie a fait la même chose.

Ne pourrait-on pas retrouver la même ambition aujourd’hui ? Entre le 15 juin et le 15 septembre, dans le cadre de séjours d’un mois, faire découvrir à des groupes d’une centaine de « jeunes », une Tunisie qu’ils ne connaissent pas. Imaginez les surprises de gamins venant du sud en découvrant la faune et la flore de Khroumirie : cerfs, sangliers et porcs-épics errant dans les sous-bois où mûrissent les mûres de ronce dont on se gave et où fleurissent – quoi ? – des orchidées ! Eux qui cuisent en été, ne peuvent pas imaginer qu’ici, à 1000 mètres d’altitude, il fait assez frais pour devoir mettre un pull. A partir du camp, la visite des sites de Chemtou et Bulla Regia ne prend qu’une journée. Une autre journée permet d’aller se baigner à Tabarka. Les « randos » en forêt permettent de pratiquer « l’Hébertisme », qui est une « Education physique », et non un jeu de ballon, qui permet par le biais de la « gymnastique corrective » de redresser pas mal de colonnes vertébrales déformées par des attitudes néfastes à l’école. Et vous, connaissez-vous Aïn Soltane ? Avez-vous déjà pratiqué la rando découverte : jeu de piste ou la rando d’orientation en pleine forêt ? Comme c’est assez difficile, la joie d’arriver au but ou de « gagner », est réelle. Pourquoi priver nos jeunes de tout cela ?

Demna / Oued kseub

C’est très facile à découvrir. Entre Kélibia et Kerkouane, une grande maison coloniale se dresse au bord de la route. Juste en face s’ouvre une grande piste, fermée parfois, par une barrière mobile. La magnifique plage de Demna s’étend au bout de la piste.

La barrière et quelques bâtiments sur la plage prouvent qu’ils étaient réservés aux « Jeunes ». Ce serait un paradis pour des « camps de vacances ». Une immense plage de sable blond tournée vers l’Est, à l’abri des vents violents, bordée de bois de pins, à l’abri de toute pollution, s’allonge sur des kilomètres : 100 ou 200 gamins ne s’y remarqueraient pas. Ils y apprendraient déjà la discipline, « l’intérêt général » et le « vivre ensemble ». La flore et la faune des pinèdes offriraient des leçons de sciences naturelles. Les vestiges d’époque romaine qui bordent la plage pourraient fournir aux jeunes qui les dégageraient du sable avec précaution, sous la conduite de personnes compétentes, de vraies leçons d’histoire. Ces vestiges intéresseraient les parents venus rendre visite à leur progéniture. Connaissez-vous Demna ? La mer et la plage, leur faune et leur flore fourniraient des découvertes à des gamins venant de Sidi Bouzid ou Thala, et d’ailleurs.

Découvrir que ces boules noirâtres qui roulent sur le sable sont des restes de plants de posidonies qui … ne sont pas des algues … mais des plantes terrestres retournées dans l’eau ! Elles fleurissent sous l’eau ! Elles fournissent une grande partie de l’oxygène de la Méditerranée que les poissons respirent. Allez donc découvrir les noms : en latin et en arabe de tous les « tests » des coquillages qui parsèment la plage : bivalves divers, « couteaux » et vers enfouis profondément dans le sable.

Au bord de l’eau, on pourrait faire du sport. Avez-vous déjà essayé de marcher dans l’eau durant quelques centaines de mètres. Plus l’eau est profonde, plus c’est difficile et « sportif ». Combien de ces enfants de Tozeur, Meknassi, Kalaa Khasba ou Kalaat Esnan savent-ils nager ? Combien ont-ils eu l’occasion de mettre une paire de palmes puis avec un « masque » et un « tuba » pour découvrir le fond de la mer et ses hôtes ?

Amis adultes, n’appréciez-vous plus le charme d’un beau feu de camp autour duquel on chante et on danse ? N’éprouvez-vous plus aucune joie en découvrant sur le velours sombre d’un ciel serein le nom de certaines étoiles : les plus grosses ? Faites-les découvrir aux gamins en leur désignant leur nom « arabe » : « Altaïr » de l’Aigle, « Deneb » du Cygne, « Aldebaran » du Taureau. Faites leur prendre conscience, le matin, au pied du drapeau national, en chantant l’hymne national qu’ils remercient toute la nation qui leur offre ces vacances. Là, c’est la Tunisie de demain, saine et fraternelle, sans préjugés ni a priori inculqués par des adultes « partisans », qui chante.

Codicille

Des lieux où les jeunes pourraient être reçus, il y en a beaucoup dans le pays. Pensons par exemple, à l’immense terrain de camping bordé de grands chênes à Aïn Draham. Le village de Béni Métir a toujours accueilli des jeunes. Et en plus de la forêt, du lac de barrage, la mer est toute proche. Même si l’on veut réserver à Tabarka, son statut de ville touristique, des plages presque désertes s’étendent sur 20 kilomètres jusqu’à Zouara. Toutes sont bordées de forêt et de garrigues parfumées. A l’Est de Kef Abbed et jusqu’à Bizerte, il existe de belles baies. Sur l’une d’elle, un grand établissement : « l’Iris » prospère.

Toute la Côte nord du Cap Bon depuis Port Prince jusqu’à Sidi Daoud et toute la Côte sud depuis Mansoura jusqu’à la Maamoura peuvent accueillir des jeunes.

Pensons à l’impact économique – et social – qui serait généré et aux emplois créés. Tous ces « jeunes », évidemment, voyageraient principalement en train qui est le moyen de transport le moins onéreux. Manifestement, les agriculteurs, les commerçants et les pêcheurs de la zone profiteraient de leur présence. Certes, offrir des vacances est onéreux mais « le retour sur investissement » ne serait pas négligeable.

Par Alix Martin

Related posts

Charles-Nicolle : première kératoplastie endothéliale ultra-mince en Tunisie

Affaire du complot : Qui sont les accusés en fuite ?

Une opération sécuritaire inédite : Saisie de plus d’un million de comprimés d’ecstasy (Vidéo)