Air France a annoncé vendredi dans un communiqué qu’elle desservirait près de 150 destinations cet été, soit 80% de son réseau habituel, en renforçant en priorité l’offre domestique. La compagnie aérienne a précisé que son programme de vol s’élèverait à 20% de sa capacité habituelle d’ici la fin juin.
« Sous réserve de la levée des restrictions de voyage, l’augmentation graduelle du nombre de fréquences et de destinations se poursuivra pour atteindre environ 35% du programme initialement prévu en juillet, et 40% en août », est-il précisé dans le communiqué.
La compagnie compte ainsi relancer des liaisons « entre Paris et les régions françaises, et de région à région, notamment de et vers la Corse », ainsi que vers les Outre-mer et l’Europe, principalement vers l’Espagne, la Grèce, l’Italie et le Portugal.
*L’aide de l’Etat ne suffira pas à sauver Air France
Air France-KLM « vit une crise d’une extrême gravité », a rappelé Benjamin Smith, le directeur général du groupe franco-néerlandais, interrogé au Sénat aux cotés de la directrice d’Air France, Anne Rigail et de la présidente du conseil d’administration, Anne-Marie Couderc.
Sans vouloir en préciser les montants, les dirigeants du groupe ont confirmé être dans l’attente d’une aide massive de l’Etat. Il y a urgence : « AF-KLM aura besoin de liquidités d’ici au troisième trimestre », a prévenu Anne-Marie Couderc. Cette aide, qui prendra la forme de prêts garantis par l’Etat et de prêts directs interviendra « dans les prochains jours pour Air France » a-t-elle précisé. Mais la filiale KLM devrait en revanche recevoir un soutien un peu plus tard, « dans les semaines à venir ». Un calendrier commun « aurait été préférable pour la visibilité du groupe », a regretté la présidente du conseil d’administration.
Le plan de secours s’annonce massif : 10 milliards d’euros (dont 8 milliards pour Air France), selon la Tribune et Reuters. La France aurait par ailleurs accepté de revoir à la hausse ses garanties, à hauteur de 90%. La question de la recapitalisation par l’Etat qui détient 14% du groupe franco-néerlandais, à l’instar de l’Etat néerlandais, ne semble en revanche pas à l’ordre du jour, ni d’ailleurs demandée par les dirigeants de la compagnie qui insistent sur le fait que ces prêts seront « remboursables ».
Mais pour survivre, Air France ne va pas se contenter d’un plan de secours. Benjamin Smith veut « changer de modèle » et « reconstruire » Air France en accélérant son plan de transformation. Prévu à l’origine sur cinq ans, il doit désormais être réalisé en deux ans, a-t-il expliqué aux sénateurs un peu dubitatifs sur l’ampleur de la tâche.
En ligne de mire : le réseau moyen courrier et surtout le réseau domestique toujours déficitaire et qui risque d’être plus exposé encore à la concurrence des low cost européennes. Les récentes déclarations des patrons d’easJet et de Ryanair montrent que ces dernières sont prêtes à livrer une guerre des prix féroce pour gagner des parts de marché en Europe, dès la reprise du trafic.
Dans ce contexte, « le réseau domestique a beaucoup de travail à faire, a pointé le dirigeant canadien, car il perdu énormément d’argent dans le passé du fait de la concurrence du train et des compagnies low cost ». Plus que jamais, il faut réduire l’activité où les déficits sont énormes », a-t-il prévenu. L’avenir et la transformation de HOP, la filiale régionale est au centre de ce plan accéléré, avec notamment la question des lignes transversales, comme Toulouse-Lille a-t-il expliqué, reconnaissant que cela aurait un impact social pour l’entreprise.
(Challenges, avec Reuters)