Réunis lundi 31 août le soir, le bureau politique et le bloc parlementaire de la coalition Al Karama ont publié un communiqué où ils annoncent qu’ils ne voteront pas en faveur du gouvernement de Hichem Mechichi, mardi 1er septembre lors de la plénière de l’assemblée des représentants du peuple consacrée à la confiance que cherchera ce gouvernement auprès des partis politiques représentés au parlement.
« La coalition Al Karama enregistre avec beaucoup de dépit la persistance de l’état d’irresponsabilité et d’indifférence à l’égard de l’intérêt national, et les désirs et humeurs personnels privilégiés dans le processus de formation du nouveau gouvernement dans un contexte politique et sanitaire délicat, que ce soit de la part du président de la République et de son sérail, que ce soit de la part du chef du gouvernement désigné, que ce soit de la part de tous ceux qui se sont inscrits dans la troupe des laudateurs du processus de déviation de la constitution et de putsch fomenté contre les résultats des élections d’octobre 2019, peut-on lire dans ce communiqué. Ce processus a enregistré une étrange obstination du Palais à ignorer les équilibres générés par le vote du peuple lors de la formation du « gouvernement du président 1 » qui a débouché sur un tonitruant scandale, puis lors de la formation du « gouvernement du président 2 » où le président de la République s’obstine à choisir quelqu’un privé de tout passé politique et de toute base populaire.
Face à l’intransigeance de la présidence de la République et à son insistance à ignorer la majorité parlementaire, face également à la négligence et l’ignorance témoignés à l’endroit des élus du peuple tunisien, et l’insistance du chef du gouvernement désigné à former son gouvernement en secret et dans des chambres fermées, sans la moindre consultation des partis politiques et des blocs parlementaires sur les noms choisis ou sur le programme gouvernemental dont les députés n’ont pu recevoir une copie qu’à la fin de cette soirée, c’est-à-dire la veille du vote de confiance. Au vu de l’assurance de la coalition Al Karama que le gouvernement de facto ne sera pas représentatif du peuple tunisien, et ne répondra pas à ses aspirations autant qu’il représentera certains centres d’influence financière et politique, que ce soit à l’intérieur du Palais ou dans son proche voisinage, et qu’il ne satisfera au fond que les partisans de l’ancien système et leurs alliés qui sont les outils de la contre-révolution ».
* »Se tenir prêts à toute échéance électorale anticipée »
« Devant notre profonde conviction que le gouvernement de Mechichi ne nous représentera pas, et ne représentera pas non plus les partisans de la révolution ou de l’Etat de droit, sans parler du fait que nous n’avons participé ni au choix de ses membres ni à la définition des caractéristiques de son programme politique, économique et social, et qu’il servira principalement les organes qui l’ont installé beaucoup plus que le peuple: la coalition Al Karma annonce son refus d’accorder la confiance au gouvernement de Hichem Mechichi, et annonce qu’elle accorde peu de crédit ni aux menaces brandies du désastre de la dissolution du parlement, d’élections anticipées, ni aux tentatives d’utiliser des missiles d’illusions présidentielles pour « bombarder » les partis politiques et les organes élus, et pour frapper la voie de la transition et en même temps reproduire un nouveau modèle autoritaire sous une forme plus chaotique, plus ambigue et plus perverse encore ».
Et le communiqué de la coalition Al Karama de conclure: « Nous appelons tous nos partisans et proches à rester prêts à défendre les acquis de la révolution et le chemin de la liberté que le peuple tunisien a irrigué avec le sang de ses martyrs et la douleur de ses blessés, et à rester pleinement préparés à toute hypothèse vers laquelle la classe dirigeante pourrait nous pousser, y compris celle de devoir affronter une échéance électorale anticipée ».
H.A.