Al Watan unifié, parti de Mohamed Jegham, a officiellement intégré Machrou3 Tounes samedi 25 novembre 2017. L’annonce en a été faite lors d’une conférence de presse organisée à Sousse. « Nous devons nous unir à tous les niveaux. Al Watan unifié est un parti qui croit en la nécessité de s’unir avec d’autres partis », commence par dire Mohamed Jegham devant les sympathisants des deux partis qui ne font plus qu’un à présent. Qu’est-ce qui justifie cette absorption d’Al Watan, premier parti destourien, par Machrou3 Tounes ? « Nous sommes convaincus que nous créons une force centriste qui croit au pluralisme et à la modernité. La pensée bourguibiste est également l’un des fondements de Machrou3 Tounes », explique-t-il.
Cependant, l’ancien ministre du gouvernement Ghannouchi avant la révolution, a profité de son intervention pour ouvrir une parenthèse sur le Sahel. « Nous devons appliquer la discrimination positive en faveur du Sahel. Ces régions ont beaucoup donné à la Tunisie. Je n’aime pas le régionalisme, mais il faut en parler », dit-il. Une déclaration qui risque peut-être de faire grincer des dents dans d’autres régions.
Les deux dirigeants ont, d’un autre côté, insisté sur la nécessité de créer des fronts politiques et des unions. « Ce ne sont pas tous les fronts qui se sont soldés par un échec », déclare Mohsen Marzouk à Réalités Online pour répondre à une question sur « la nouvelle mode des fronts ». « La Troïka a accédé au pouvoir pour être, par la suite, écartée par le front du salut », dit-il. Serait-ce une action à long terme? Réagissant à cette remarque, Mohsen Marzouk affirme que les coalitions « ne travaillent jamais à long terme ». « Ce sont les absorptions et les fusions qui opèrent à long terme« , poursuit-il.
Le discours de Mohamed Jegham, tout comme celui du secrétaire général de Machrou3 Tounes, Mohsen Marzouk, a plus d’une fois évoqué les termes « visions », « solutions à la crise ». « Quelles sont, concrètement, ces visions ? ». En réponse à notre question, le secrétaire général a préféré, dans un point presse tenu suite aux discours officiels, céder la parole à Mohamed Jegham. « Nous n’avons pas avancé jusqu’à présent. Il faut commencer par se rassembler. En étant ensemble, en unifiant nos programmes, nous arriverons à concevoir une vision claire pour sortir de cette situation », répond-il.
C’est à ce moment-là que Mohsen Marzouk a choisi de reprendre la parole pour répondre à une énième question pour savoir ce que c’est une véritable « vision concrète ». « Quelle place voulons-nous donner à la Tunisie à l’échelle internationale ? A quoi ressemblera notre agriculture ? Quel rôle jouera la culture ? Quelle place pour les énergies renouvelables ? », s’interroge le secrétaire général de Machrou3 Tounes. « Une vision, poursuit-il, comprend des réformes« . Il considère que la Tunisie est gérée au jour le jour. D’où l’importance, selon Mohsen MArzouk, des fronts politiques. « En unissant nos forces, nous pourrions mieux mener la guerre contre la corruption à titre d’exemple. Le véritable problème réside dans la nature de la gouvernance dans notre pays », dit-il. C’est cette gouvernance qui est à l’origine de la conjoncture actuelle, d’après le secrétaire général.