Algérie : 60% du secteur industriel public à l’arrêt

Le secteur industriel public algérien est à la croisée des chemins. Face à un taux d’arrêt de 60%, une gestion défaillante et une concurrence accrue des importations, le ministre algérien de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, a dressé un constat alarmant lors de son intervention sur les ondes de la radio algérienne chaîne 1.

Le ministre n’a pas mâché ses mots : « il est impossible de gérer un groupe de 25 entreprises, dont chacune compte de 5 à 6 usines, par un seul PDG ». Cette structure pyramidale est, selon lui, l’une des principales causes des maux du secteur public.

A cela s’ajoute l’ouverture des frontières aux importations, qui a porté un coup dur à des industries locales comme le textile et le cuir, fragilisant davantage un secteur déjà en difficulté.

Malgré l’existence de 120 zones industrielles, dont 80 raccordées à l’électricité, le ministre pointe du doigt la gestion « défaillante et incompétente » du groupe Divindus, en charge de leur administration. Cette situation a aggravé la crise et freiné le développement du secteur.

Conscient de l’urgence de la situation, le ministre algérien a annoncé la restructuration du groupe Divindus en créant des filiales dédiées à la gestion des zones industrielles dans tout le pays. Cette initiative vise à insuffler une nouvelle dynamique et à optimiser l’utilisation de ces infrastructures prometteuses.

Sur un total de 1,2 million d’entreprises en Algérie, 174.000 relèvent du secteur public. Ce dernier, bien que dominant le secteur industriel avec 85% des emplois, peine à se hisser au niveau de son homologue privé.

Les entreprises publiques, qui emploient 94 mille travailleurs, ont réalisé un chiffre d’affaires de 500 milliards de DA en 2023. Si les exportations ont atteint environ 450 millions de dollars, ce montant est principalement porté par la société Algérien Qatari Steel.

Face à ces constats, le ministère de l’Industrie a élaboré une feuille de route pour le développement des filières industrielles à fort potentiel, notamment l’industrie de transformation, l’industrie mécanique, la sidérurgie, le textile et le cuir, ainsi que l’industrie pharmaceutique.

Pour soutenir et améliorer la performance de la production industrielle publique, des contrats de performance ont été mis en place fin 2023. Ces contrats, selon le ministre, « commencent à donner leurs fruits » et devraient contribuer à redresser la barre.

Le chemin vers la relance du secteur industriel public algérien s’annonce ardu. Néanmoins, la prise de conscience des défis et la mise en place d’une stratégie ambitieuse par le ministère de l’Industrie laissent entrevoir une lueur d’espoir pour ce secteur crucial à l’économie nationale.

Related posts

Nouvelles règles d’origine : une révolution silencieuse pour le commerce extérieur ?

Charles-Nicolle : première kératoplastie endothéliale ultra-mince en Tunisie

Affaire du complot : Qui sont les accusés en fuite ?