Incarcéré depuis le 29 décembre après quatre jours de garde à vue, Ihsane El Kadi a finalement été jugé et condamné dimanche 2 avril par le tribunal Sidi M'Hamed à Alger pour "financement étranger de son entreprise" au titre de l'article 95 bis du code pénal.
D’après les prérogatives de ce texte, une peine de prison de cinq à sept ans pour "quiconque reçoit des fonds, un don ou un avantage… pour accomplir ou inciter à accomplir des actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité de l'État, à la stabilité et au fonctionnement normal de ses institutions, à l'unité nationale, à l'intégrité territoriale". Accusé ‘’d'avoir reçu des sommes d'argent et des privilèges de la part de personnes et d'organisations dans le pays et à l'étranger afin de se livrer à des activités susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l'État et sa stabilité" il avait été incarcéré depuis le 29 décembre, dans le cadre d'une enquête pour collecte illégale de fonds et atteinte présumée à la sûreté de l'État, après quatre jours de garde à vue. Et au lendemain de son arrestation, le siège de l'agence Interface Médias, la société éditrice des deux médias dont il avait la charge avait été mise sous scellés et le matériel saisi.
Lors d’une conférence de presse tenue à Alger, l’avocate Zoubida Assoul avait expliqué début mars que les fonds en question d’un montant de « 25 000 livres sterling (soit environ 28 000 euros) que le journaliste a reçus, par tranches, de sa fille Tin Hinane, établie à Londres et actionnaire d’Interface médias » devaient servir à régler des arriérés de dettes du groupe.
Âgé de 63 ans, il est le dirigeant de l’un des derniers groupes de presse indépendants d’Algérie constitué de Radio M et du site d'information Maghreb Émergent. Outre sa condamnation, le tribunal a prononcé la dissolution de la société Interface Médias, la confiscation de tous ses biens saisis, et 10 millions de dinars d'amende (soit plus de 68 000 euros) contre son entreprise. Par ailleurs, la société a également été condamnée à dédommager l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) à hauteur d’un million de dinars). À titre personnel, il a écopé d'une amende de 700 000 dinars et l’interdiction d'exercer la profession pour la même durée de détention. Ce qui a suscité une vague de solidarité parmi ses collègues et les militants des droits humains en Algérie et en Europe.
"Nous allons faire appel de ce jugement dans les délais requis, selon l'accord préalable avec notre client", a indiqué à l'AFP Me Abdelghani Badi, un des avocats de la défense, qui a boycotté l'audience. Dans le même ordre, Une pétition lancée par l'organisation Reporters sans frontières pour obtenir sa libération a recueilli plus de 10 000 signatures.
(Source France 24, Huffington post)
MNN
(Stagiaire)