L’Algérie a un nouveau gouvernement avec à sa tête Abdelmalek Sellal, le 6ème Premier ministre de l’ère Bouteflika. Nouvelle équipe pour amorcer un réel changement ? Non, répondent les médias algériens, pour qui « le changement s’inscrit dans une certaine continuité ». Compte rendu
Abdelmalek Sellal, 64 ans, n’est pas un inconnu. Proche du président Abdelaziz Bouteflika, l’homme qui vient de remplacer Ahmed Ouyahia, a dirigé les deux campagnes présidentielles (2004 et 2009) de ce dernier. Avant d’être nommé Premier ministre, cet énarque a occupé la fonction de ministre des Ressources en eau. Fin limier politique, il aura donc à gérer une équipe de 36 membres.
Le départ des « six »
Certes, six « dinosaures » parmi lesquels le Premier ministre Ahmed Ouyahia en poste depuis 2008 sont partis. Toutefois, les postes-clés n’ont pas changé de main. Mourad Medelci, Dahou Ould Kablia, Youcef Yousfi respectivement ministres des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de l’Energie ont été maintenus. En contrepartie, treize ministres ont fait leur entrée. A l’annonce du remaniement, les réactions ont été rapides. Boubekeur Benbouzid et Djamel Ould Abbès, les ministres de l’Education nationale et de la Santé, ont été notamment visés. Ces derniers mois, les deux étaient fortement au cœur de l’actualité ; leur bras de fer avec les syndicats ayant conduit à de nombreux mouvements de protestation et de grèves. Présent à la tête du ministère de l’Education depuis 19 ans, Boubekeur Benbouzid a « fusionné » avec le secteur. L’actuel recteur de l’université de Blida (50 km au sud d’Alger), Abdelatif Baba Ahmed, l’a remplacé. L’ex-président de l’Assemblée nationale, Abdelaziz Ziari remplace Ould Abbès. Son objectif ? Rebooster un secteur quasi paralysé par les grèves depuis deux années.
Belkadhem, le grand perdant
Ouyahia est parti… mais il n’est pas le seul. Ministre d’Etat et représentant personnel du chef de l’Etat et chef du parti présidentiel, le Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, a également plié bagages. Il aurait péché en « affichant trop tôt ses ambitions présidentielles» estiment certains analystes qui se félicitent de la fin de cette «bizarrerie algérienne» consistant à «avoir des ministres d’Etat sans fonction particulière». Le nouveau gouvernement a également fait une autre victime : le parti islamiste du Mouvement de la société pour la paix (MSP). Théoriquement, son passage à l’opposition aurait dû se traduire par l’absence de tout ministre MSP. Toutefois, Bouguerra Soltani vient de subir un revers. Après Amar Ghoul, Mustapha Benbada a été maintenu ministre du Commerce, « lâchant » de fait son parti.
Des dossiers chauds en attente
« Il y a du pain sur la planche », a estimé le Premier ministre Abdelmalek Sellal en prenant ses fonctions. Le nouveau Premier ministre l’a déclaré le jour de son installation : la poursuite des réformes politiques figure parmi ses priorités. Deux dossiers urgents attendent le gouvernement : les élections locales du 29 novembre prochain et la révision de la Constitution, prévue avant la fin de l’année. Cela mis à part, la nouvelle équipe doit faire face à un contexte économique difficile. D’ores et déjà, deux secteurs en ébullition attendent des mesures urgentes : l’Éducation et la santé. Si les syndicats ont salué le départ des ministres chargés de leurs secteurs respectifs, ils demeurent tout de même méfiants. Un nouveau bras de fer a commencé.
A.T