Les condamnations se multiplient et la société civile s’inquiète…

 

La sentence est tombée. Tarek Mameri a finalement été reconnu coupable par le Tribunal correctionnel d’Alger. Le  crime de ce blogueur âgé de 23 ans ? Avoir appelé sur le Net à boycotter les élections législatives du 10 mai.

 

«La durée de la peine n’est pas importante puisque je considère que le tribunal m’a condamné injustement», a déclaré le jeune blogueur à l’issue de son procès. Avant de poursuivre, plus déterminé que jamais : «le verdict ne changera en rien ses convictions de militant». Tarek Mameri a été condamné à huit mois de prison avec sursis et 100.000 dinars (1.000 euros) d’amende à Alger. Durant la campagne électorale pour les législatives du 10 mai, il avait posté sur YouTube des vidéos qui relataient le quotidien difficile des jeunes Algériens. Son message était clair : il appelait au boycott des élections…alors que les autorités avaient lancé une campagne intensive appelant les électeurs à aller voter et à ne pas tomber dans le piège de l’abstention. Arrêté le 2 mai dernier, le jeune homme est aussitôt poursuivi pour plusieurs chefs d’inculpation, à savoir “destruction de biens d’autrui, incendie de documents administratifs, incitation à l’attroupement et outrage à corps constitué”. Le 13 juin, le procureur requiert contre lui une peine de 3 ans de prison. Devant le juge, Mameri a beau nier les faits, il est tout de même reconnu coupable. «Nous allons faire appel et prendre toutes les dispositions légales pour faire annuler cette condamnation», a aussitôt réagi son avocat Me Amine Sidhom. Sa famille est pour sa part consternée : «Tarek n’est ni un voleur, ni un drogué. Il n’a exprimé que l’avis de la majorité des Algériens», a estimé sa mère.

 

Un cas non isolé

La condamnation inquiète d’autant plus que Tarek Mameri n’est pas le seul à subir un tel sort. Journaliste au quotidien régional Akher Sâa, Fatma-Zohra Amara a été condamnée à deux mois de prison ferme et 20.000 dinars (200 euros) d’amende pour diffamation…bien que le délit de presse ait été dépénalisé depuis fin 2011. Son crime ? Avoir publié les minutes du procès d’un ancien responsable de l’hôpital d’Annaba (600 km à l’est d’Alger) poursuivi pour harcèlement sexuel contre l’une de ses employées. «Choquée par la sévérité de la condamnation», la journaliste a annoncé son «intention de faire appel». Un autre journaliste du quotidien La nouvelle République a lui aussi été récemment condamné à deux mois de prison ferme et 500 euros d’amende par le Tribunal de Mascara (360 km à l’ouest d’Alger) pour diffamation envers la directrice départementale des impôts. Ces condamnations en série ont fait réagir le Syndicat national des journaliste (SNJ). Ce dernier a appelé à «la cessation immédiate de cette cabale judiciaire à l’encontre de femmes et hommes des médias» et s’interroge «légitimement sur les motifs de cette subite tentation de retour aux années de plomb», période pendant laquelle plusieurs journalistes avaient été condamnés à des peines d’emprisonnement. Les journalistes sont d’autant pris de court  que fin 2011, le parlement algérien adoptait,  dans le cadre de réformes politiques voulues par le  président Bouteflika, une nouvelle loi sur les médias prévoyant une dépénalisation du délit de presse.

A.T

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