Nonobstant les manifestations interdites, des centaines de manifestants étaient dans les rues d’Alger durant le week- end. La situation en Algérie, un mois avant les élections présidentielles, se complique de jour en jour. Bien que tout semble mis en place pour une réélection du président sortant Abdelaziz Bouteflika, la tention qui monte demeure incontrôlable.
La France fait ainsi entendre son intention de veiller au respect des libertés fondamentales lors des prochaines élections présidentielles prévues pour le 17 avril 2014.
Cependant, sachant que tout semble en place pour une réélection du président actuel Abdelaziz Bouteflika, plusieurs manifestations pro et anti Bouteflika ont attiré des centaines de soutiens et opposants pendant le week-end. La plus grande manifestation était celle du mouvement d’opposition «Barakat» («Ça suffit».)
Généralement, les manifestations de grande envergure sont rares en Algérie. Au sommet de l’Etat se trouve petit informel, nommé «Le pouvoir», qui fait la pluie et le beau temps depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962. Il se compose de hauts membres du parti d’Abdelaziz Bouteflika, le «Front de libération nationale» (FLN), d’une élite militaire dirigeante et de vétérans.
Actuellement, le gouvernement redoute la montée des islamistes au crénau et de probables affrontements violents. En attendant, il se présente comme l’unique force à même de maintenir la stabilité du pays. Évidemment, malgré une grande insatisfaction envers le gouvernement, beaucoup d’Algériens craignent un scénario similaire à la guerre civile de 1991. La situation complexe en Égypte et en Syrie les inquiète et devient un argument de poids en faveur de Bouteflika. Bien que le président soit très malade, au point d’avoir passé autant de temps dans les hôpitaux français qu’au Palais présidentiel, sa position reste forte.
La campagne électorale commencera le 23 mars prochain. Outre Bouteflika, il y a cinq candidats en lice. Le plus connu, Ali Benflis, l’ancien chef du gouvernement et rival de Bouteflika aux présidentielles de 2004. En 1999, Ali Benflis était appelé à diriger la campagne électorale du candidat Abdelaziz Bouteflika. À l’issue de l’élection de Bouteflika, il était nommé Secrétaire général, puis Directeur du cabinet de la présidence de la République. Mais il y a dix ans, il a rompu avec Bouteflika et est finalement venu se positionner comme rival.
Autre candidate, la Secrétaire générale actuelle du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, qui occupait la deuxième place lors des dernières élections présidentielles avec 4,22%. De plus, Ali Fewzi Rebaine, leader du parti Ahd 54, Moussa Touati, le président du Front national algérien ainsi que Belaïd Abdelaziz, le président du Front Al Moustakbal.
Les deux principaux partis islamistes (MSP et Ennahdha) ainsi que le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ont conjointement appelé au boycott des élections. Des élections libres et justes ne seraient pas possibles, disent-ils. En 2009, la participation électorale était d’environ 25 %, selon des estimations des observateurs étrangers. Cette fois, le taux de participation pourrait encore baisser.
Il semble improbable qu’Abdelaziz Bouteflika soit capable de mener une campagne électorale à cause de ses problèmes de santé. « Nous ne sommes pas en campagne électorale. Le président Bouteflika n’en a pas besoin. Tous les Algériens le connaissent et savent que c’est lui le garant de la stabilité», déclarait récemment Abdelmalek Sellal. Ce dernier dirigera les campagnes de l’actuel chef de l’État comme ce fut le cas en 2004 et en 2009. Pour cette raison, Abdelmalek Sellal quittera temporairement son poste de Premier ministre. Son intérim sera assuré par Youcef Yousfi, l’actuel ministre de l’Énergie.
Sarah Kanning