Algérie-Maroc : la presse marocaine hausse le ton

 Loin de la réaction tempérée de Rabat, la rupture des relations diplomatiques décidée par Alger suscite de vifs commentaires dans la presse nationale.
« Décision unilatérale », « injustifiée », « attendue »… Ce sont là les qualificatifs utilisés par le communiqué du ministère marocain des affaires étrangères (MAE), quelques minutes après l’annonce d’Alger de rompre avec Rabat. Loin de ce ton très formel, les journaux marocains ne décolèrent pas.
*Fâchés !
Pour le quotidien francophone Le Matin, « malgré la politique de la main tendue réitérée par le Maroc envers son voisin, l’État algérien persiste et signe », écrit le tabloïd très proche du Palais.
Ce même journal, dans sa version Web, propose une interview de l’expert marocain en géopolitique, Cherkaoui Roudani. Pour ce dernier, « l’État algérien tente vainement de détourner l’attention de ses citoyens des échecs internes et externes, d’exporter ses problèmes et de créer un ennemi virtuel qui est le royaume du Maroc ».
Il s’agit d’« un jeu grossier qui ne dupe personne » et cette décision de rompre avec Rabat est « aussi absurde qu’inconséquente » renchérit le quotidien arabophone Almassae. L’Algérie est devenue une fois de plus « la risée du public », fustige ce journal dans son éditorial. Le régime algérien laisse tomber masque après masque », peut-on lire dans ce même article.
Pour sa part, Alahdat Al Maghribia, un autre quotidien arabophone, évoque une « décision de la junte militaire ». L’éditorialiste qualifie lui aussi comme le MAE, d’« attendue » mais aussi d’« absurde » et surtout d’« injustifiée » et plus loin dans son texte de « déplorable ». Dans un style proche du sarcasme et de l’ironie, Al Ahdat constate que le régime algérien est « figé dans une période de l’histoire qui remonte à la guerre froide » et « prisonnier du Boumedienisme ».
Dans la même veine d’ironie, Assabah écrit « quel gâchis ! Le peuple marocain sera privé de sauce algérienne… », se moque le quotidien. Décidément, il s’agit tout bonnement de « simplisme incurable des généraux », commente de son côté Al Bayane.
*Nouvelle étape d’une longue escalade
Dans son édito du jeudi 26 août, le quotidien francophone L’Économiste écrit que « l’on peut y voir [dans cette rupture, NDLR] l’aboutissement de la longue dérive d’un pouvoir nébuleux qui n’a que ses fantasmes névrotiques comme réponses aux graves crises que traverse le pays : une Kabylie à feu et à sang, une manne du pétrole qui s’assèche avec l’effondrement des cours, une économie de rente qui profite avant tout aux dignitaires », et de poursuivre, « par la faute de militaires bornés, unique soutien politique et financier d’une guérilla qui se dit « État », c’est l’avenir d’une région entière qui ne manque pourtant pas d’atouts, le Maghreb, qui est compromis. » Et de conclure, « les Algériens, sont pris en otage […]. La diplomatie actuelle d’Alger, intempestive et incontrôlable, ne rassure bien évidemment pas sur les intentions de ses dirigeants ni sur les futurs événements. En attendant, le Maroc n’a pas de temps à perdre. »
Même son de cloche chez l’hebdomadaire francophone Telquel, selon lequel cette rupture est « regrettable ». Il s’agit d’une décision « abrupte » de la part de l’Algérie.
En ligne, le site Yabiladi avance que les relations entre les deux pays voisins ont rarement été bonnes depuis les années 1960. Du côté du site d’information économique Media24, les « échanges économiques entre Rabat et Alger sont « dérisoires », cette rupture n’a donc pas « d’impact significatif » dans ce domaine.
D’après le Desk qui décrit la rupture de « suite logique à l’escalade des tensions […] la décision algérienne de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc est l’aboutissement de huit mois d’escarmouches verbales entre les officiels des deux pays. Bien qu’elle ne doive pas affecter outre mesure des échanges commerciaux déjà pauvres, elle témoigne de l’impossibilité à court terme pour les deux voisins de s’entendre ».
Enfin, le site d’information Barlamane, très proche du pouvoir, évoque lui « un non-événement et une diversion de mauvais augure ». Barlamane affirme que « pour le régime en crise, il vaut bien mieux fulminer contre le Maroc, jouer aux théories complotistes et aux prises en considération sans preuve, faire la guerre à toute tentative de réconciliation, dépenser des milliards pour une armée dont on détruit l’organisation et le ressort, livrer l’avenir du pays à l’esprit de parti, s’attacher à tout ce qui flatte des passions, des préjugés ou des goûts dont il peut se servir dans un intérêt de domination en raison de sa légitimité contestée. » Barlamane traite le régime algérien de tous les maux : « démissionnaire », « un voisin désespéré » et « sans boussole », in fine « contradictoire ».
(Le Point)

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