Mosquée d’Alger, la polémique

Depuis l’annonce de sa construction, la mosquée d’Alger fait régulièrement polémique. Le 26 août dernier, alors qu’on a entamé le coulage de béton de ses fondations, des pétitions appelant à l’annulation de sa réalisation circulait sur le Net. Et les raisons invoquées ici et là sont nombreuses.

 

Lancés le 16 août dernier, les travaux de la Grande Mosquée d’Alger font l’objet de toutes les attentions. Il y a quelques jours, une cérémonie officielle réunissait le ministre algérien des Affaires religieuses Bouabdallah Ghlamallah,  l’ambassadeur de Chine à Alger et le Directeur général de l’Agence nationale de réalisation de la Grande Mosquée d’Alger (Anagerma). L’édifice qui devrait être achevé d’ici trois ans n’aura «pas sa pareille dans le monde pour ses volets religieux, touristiques et économiques», assure-t-on du côté des autorités.  Un minaret de 270 m de hauteur avec 25 étages (le plus grand du monde), une salle de prière d’une capacité de 120.000 fidèles, une bibliothèque dotée d’un million d’ouvrages ou encore un musée d’art et d’histoire islamiques… Les détails susmentionnés le confirme. Toutefois, cette magnificence n’emporte pas l’adhésion de tous. Loin de là. Plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer le coût excessif du projet pendant que d’autres alertent l’opinion publique sur le mauvais choix de l’emplacement.

 

Un coût faramineux

«Présidence de la République, arrêtez la construction de la nouvelle Grande Mosquée d’Alger» ou encore «Pour que les milliards destinés à la future gigantesque mosquée d’Alger soient utilisés à des projets plus urgents»… Depuis quelques jours, les pétitions appelant à l’arrêt de la construction de l’édifice religieux qui se multiplient sur la Toile semblent avoir remporté l’adhésion de milliers  d’Algériens. Et l’argument est de taille : «La construction de la Grande Mosquée d’Alger dont le coût avoisine un milliard  d’euros n’est pas une nécessité nationale comme les autres infrastructures et investissements nécessaires». Et les auteurs de la pétition de donner des exemples concrets : avec une telle somme, l’Algérie pourrait construire «100.000 logements, dix hôpitaux CHU ultramodernes ou encore 20 opéras ou grands théâtres».

 

Quid de l’emplacement ?

Le coût du projet n’est pas l’unique problème. Selon différents experts algériens, l’emplacement, aussi, ne répondrait pas aux normes requises.

D’abord, la mosquée implantée dans la commune de Mohammadia, à quelques encablures de la mer, sera «probablement érigée sur un terrain marécageux». En outre, explique-t-on, ce «type de sol est reconnu pour être un parfait amplificateur des ondes sismiques en cas de secousse tellurique». «Des personnes qui ne sont pas habilitées s’expriment sur le choix du terrain, alors que nous avons fait appel à des spécialistes issus de pays à forte activité sismique, notamment du Japon et des Etats-Unis (Los Angeles), qui ont tous conclu que la qualité du sol est tout à fait appropriée et sa résistance formidable», a répondu le ministre algérien des Affaires religieuses selon qui, la «structure est conçue pour supporter un séisme d’une magnitude de 9 sur l’échelle de Richter». La déclaration a suscité la colère des spécialistes algériens qui y ont vu une «exclusion, un mépris et un manque de confiance» dans les compétences (algériennes). «Si la qualité du sol est si appropriée et sa résistance si formidable, pourquoi avoir recours au système d’appuis parasismiques au niveau de l’infrastructure, bel et bien prévus ?», s’est interrogé pour sa part le Pr. Abdelkrim Chelghoum dans le quotidien le Soir d’Algérie ; le système d’appuis parasismiques étant une disposition exorbitante «préconisée lorsque les sols sont mauvais et lâches». Le débat lancé n’est pas prêt de s’achever.

A.T

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