Il n’est pas apparu en public depuis son accident vasculaire cérébral en juillet 2013. Sa dernière apparition télévisuelle de février a marqué les esprits, tant il apparaissait affaibli. Pourtant Abdelaziz Bouteflika brigue un quatrième mandat aux prochaines élections présidentielles prévues pour le 17 avril 2014. C’est le Premier ministre, Abdelmalek Selal, qui, en la présence d’un chef d’État mutique, a annoncé sa candidature sur la chaîne nationale. Côté opposition, alors que certains partis s’en tiennent à une critique argumentée, d’autres, tous bords confondus, font bloc derrière un appel au boycott des élections.
Les deux principaux partis islamistes ainsi que le rassemblement pour la culture et la démocratie ont conjointement appelé au boycott des élections. Abderrazak Makri, du Mouvement de la société pour la Paix, affirme que « dans le passé, nous avons malheureusement soutenu Abdelaziz Bouteflika mais un quatrième mandat, ce n’est pas bien pour l’Algérie. » La principale motivation de cette prise de position réside dans l’état de santé du Président, et sa capacité à diriger le pays. Une partie de l’opposition soutient l’idée qu’une nouvelle génération est nécessaire et que celle-ci doit s’engager dans la réforme de l’Algérie. « Le pays ne peut pas être dirigé par un président malade qui ne s’adresse pas à son peuple » argumente A. Makri. En effet, le discours à Sétif, en mai 2012, est bien la dernière allocution présidentielle publique. En outre, le MSP, Ennahdha et le RCD ont invité les candidats engagés dans la prochaine élection à «se retirer de cette mascarade électorale, dont les résultats sont connus d’avance». « Le contexte est caractérisé par le déséquilibre financier et économique du pays, comme confirmé par les rapports officiels.
La responsabilité de cette situation incombe entièrement au pouvoir», ont-ils précisé à la presse. La proposition de boycott semble entendue. Kamel Benkoussa, un trader algérien et fils d’émigré algérien, a récemment annoncé le retrait de sa candidature. Mais le coup dur est venu jeudi dernier de Mouloud Hamrouche. Cet ancien chef de gouvernement sous la présidence de Chadli Bendjedid de 1989 à 1991, s’était retiré de l’élection présidentielle de 1999, avec cinq autres candidats, considérant que les conditions n’étaient pas réunies pour la tenue d’élections libres. Appel au boycott ou candidat ? Mouloud Hamrouche a dissipé les doutes en balayant la possibilité d’une candidature lors de sa conférence de presse à Alger. Mais il est allé beaucoup plus loin : «Ce régime s’est effrité et va tomber, [c’est pourquoi] je veux le faire tomber dans le calme et non dans une vague de violence». Considérant l’importance de l’armée dans le jeu politique algérien, il ajoute : «il n’y a aucune chance d’élaborer la démocratie sans l’aval de l’armée». Mais il se veut rassurant «Je ne demande pas un coup d’État. Je n’appelle pas l’armée à empêcher Bouteflika de se représenter. Je l’appelle à sauver l’Algérie de l’impasse». Ancien membre du FLN, il considère toutefois que l’armée a un rôle pacifique à jouer, mais que rien ne peut se faire sans les institutions.
Pour l’heure, on récolte toujours les signatures d’élus ou de citoyens. Les candidats déclarés ont jusqu’à mardi-minuit pour officialiser leur candidature en paraphant le registre officiel. Côté rue, la grogne est là, de nombreuses manifestations ont éclaté ces derniers jours.
Marieau Palacio