Le printemps, c’est le retour des beaux jours mais l’occasion pour les institutions internationales, et particulièrement le FMI, de présenter leur analyse de l’économie mondiale à l’occasion des Assemblées du printemps. Le sentiment de l’institution de Bretton Woods sur la situation de l’économie mondiale est plutôt optimiste. En effet, le dernier Outlook du Fonds sur l’économie mondiale comporte de bonnes nouvelles. En effet, la croissance mondiale s’est située à 3,8% en 2017, soit son niveau le plus important depuis 2011. Même si ce niveau n’est pas à la hauteur de celui que l’économie mondiale avait connu avant la crise et particulièrement celui de la moyenne enregistrée entre 2003 et 2007, il constitue une bonne nouvelle et montre que le monde commence à connaître une certaine embellie.
Les bonnes nouvelles selon l’institution de Bretton Woods, ne se limiteront pas à l’année écoulée mais devraient se prolonger au cours de l’année 2018. La croissance mondiale devrait se renforcer au cours de l’année en cours et atteindre 3,9%.
Le Rapport du FMI nous suggère des éléments d’explication de cette embellie. Le premier élément d’entre eux concerne la grande effervescence que connaissent les pays développés et plus particulièrement les Etats-Unis et qui a eu un impact positif sur la croissance mondiale. La croissance américaine devrait se situer à 2,9% en 2018 et à 2,7% en 2019, portée par une réforme fiscale d’une grande ampleur. La zone euro ne sera pas en reste et devrait aussi enregistrer une belle embellie avec des prévisions de croissance de 2,4% en 2018.
Parallèlement aux pays développés, les pays émergents, particulièrement la Chine et l’Inde, devraient poursuivre une croissance solide et contribuer à la reprise de la croissance mondiale.
La seconde explication avancée par le FMI et relative à la croissance mondiale se situe au niveau de la reprise du commerce mondial. Selon le FMI, la croissance du commerce mondial s’est située en 2017 autour de 4,9%. Même si cette reprise est encore en dessous des résultats d’avant la crise avec une croissance à deux chiffres, il s’agit d’une reprise forte du commerce mondial après une année difficile en 2016 avec un taux de croissance de 1,6%.
Enfin, le FMI évoque une troisième explication de la reprise de la croissance mondiale et qui se situe au niveau des effets de l’accroissement de la productivité issus de la révolution technologique en cours dans le monde. Cette question a fait l’objet d’importantes controverses entre économistes et beaucoup ont développé l’idée d’une transition séculaire du fait de l’incapacité des nouvelles technologies à renforcer les gains de productivité dans les pays développés. Or, il semble, selon les analyses du FMI, que nous commençons à ressortir de cette situation et à bénéficier des effets du monde virtuel.
Mais, ces bonnes nouvelles printanières effacent-elles pour autant les annonces des oiseaux de mauvais augure ? Le rapport du FMI nuance ses bonnes nouvelles et évoque des motifs d’inquiétude qui peuvent peser sur la croissance mondiale et l’annihiler. La première source d’inquiétude concerne les tambours de la guerre commerciale qui commencent à s’annoncer avec l’arrivée du populisme au pouvoir. Nous suivons de ce point de vue avec beaucoup d’inquiétude les décisions de l’administration américaine de relever les droits de douane sur les exportations européennes et chinoises à destination du pays de l’oncle Sam. Ces décisions pourraient déclencher une guerre commerciale qui pourrait remettre en cause cette embellie.
Le second motif d’inquiétude est lié au changement de cap de la politique monétaire et la sortie des politiques expansionnistes pour entamer une augmentation des taux d’intérêt aux Etats-Unis mais aussi de la part de la BCE en Europe. Ce changement des politiques monétaires pourrait également peser sur l’investissement et mettre des grains de sable dans la dynamique de la croissance mondiale.
Ainsi, la croissance mondiale semble renouer avec l’embellie d’antan, même si certains nuages peuvent la contrarier. Toute la question est de savoir si notre économie pourrait en tirer bénéfice. La réponse est malheureusement négative. En effet, les institutions internationales au moment où elles révisent la croissance mondiale à la hausse, sont en train d’examiner la nôtre à la baisse. En effet, les prévisions de croissance de notre économie sont passées de 2,7% à 2% pour le FMI de même pour la Banque mondiale dont les prévisions sont aujourd’hui en dessous des prévisions initiales qui étaient de 3%. Plusieurs raisons expliquent ce recul, dont la faiblesse de l’investissement et les incohérences de notre policy mix.
L’économie mondiale est en train de renouer avec l’embellie d’avant la crise. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour le monde dont nous devons bénéficier en mettant en place des politiques audacieuses afin de sortir de la crise actuelle.