Les députés de l’Assemblée des Représentants du peuple (ARP) ont auditionné jeudi dernier le ministre de l’Intérieur, Hédi Mejdoub, après avoir consulté le rapport d’Amnesty International. Une audition brûlante, marquée par la forte présence des députés représentant, en quelque sorte, les divers courants politiques.
Les députés de l’ARP, dans leur quasi majorité, ont appelé fermement le ministre de l’Intérieur à mettre un terme aux violations des droits humains commises par les policiers à l’encontre des détenus et des protestataires, tel c’est le cas des étudiants et des ouvriers de chantiers. Certains députés sont allés jusqu’à qualifier de « monstres« , les policiers impliqués dans des cas de viol dans les centres de détention. Tous les députés ont dénoncé les pratiques de torture évoquées dans les rapports des organisations de défense des droits de l’homme.
Les représentants du peuple ont rappelé au ministre que la loi d’urgence ne justifie en aucun cas la violation des droits humains. En revanche, d’autres intervenants dans l’hémicycle ont appelé à l’adoption d’une loi garantissant les droits des policiers et permettant de leur procurer les équipements nécessaires pour leur travail.
De son côté, le ministre de l’Intérieur a répliqué qu’il ne justifie pas les violences policières et qu’il ne peut pas mettre fin à ce genre de pratiques policières qui se sont accumulées depuis des décennies, en si peu de temps. Il a insisté que, pour insuffler du nouveau sang à l’institution sécuritaire et inciter les forces de l’ordre à respecter les droits et les libertés des citoyens n’est qu’une question de temps. Il a ajouté qu’il y a de mauvais réflexes et des traditions aberrantes chez certains policiers, qui ne seront pas réglées par des simples sessions de formation sur les droits de l’homme, organisées dans des hôtels luxueux. Hédi Mejdoub a ajouté que les dérives enregistrées ne sont pas des cas isolés ni des des cas systématiques. Le ministère oeuvre constamment au renforcement de la culture des droits de l’homme chez les forces de l’ordre.
En ce qui concerne, les agressions contre les étudiants, Hédi Mejdoub a renié ces « présumées agressions » . Il a expliqué que les forces de l’ordre ont eu recours à la force pour disperser les étudiants sans les agresser. Il a ajouté qu’il a ordonné de filmer les étapes des protestations estudiantines et qu’il est prêt à présenter les vidéos aux députés. Le ministre a commenté le contenu du rapport d’Amnesty International, qui a révélé que les blitzs des opérations policières cités dans le rapport, étaient à l’encontre des maisons abritant des terroristes. Il a expliqué que, quand on est en état d’urgence, les forces de l’ordre n’ont pas besoin d’avoir une autorisation judiciaire pour intervenir.
Par ailleurs, le ministre a révélé que le ministère a pris plusieurs mesures disciplinaires à l’égard de 578 cadres policiers et 547 agents de police dont 184 ont été jugés. Le ministère a également reçu 494 plaintes portées par des citoyens contre des policiers dont 193 ont été déposées sans cause réelle et sérieuse.