En début de chaque semaine, le maître procédera au contrôle de ce que les enfants ont acquis la semaine précédente, pour apporter les corrections nécessaires avant que le fossé ne se creuse entre les élèves. Toutes les deux semaines, les enseignants d’un même établissement se réunissent pour comparer l’avancement de leurs travaux, relever les défaillances ou les difficultés qui apparaissent et y remédier tout de suite. Ils doivent en classe stimuler l’esprit de compétition entre les élèves et les préparer ainsi au concours de la sixième qui doit être rétabli. Nos écoles ne doivent plus produire la médiocrité. D’autre part, on ne doit plus distribuer, ni tableaux d’excellence, ni tableaux d’honneur ou encouragements aux élèves, cela fausse la donne. Nous avons remarqué que toutes les mères se lancent dans une course folle à ces distinctions qui ne reflètent pas la réalité et ouvrent la voie aux marchandages, aux compromissions et amènent subrepticement les parents à accepter que leurs enfants suivent des cours particuliers, ce qui est inadmissible et préjudiciable à ce stade de l’apprentissage, aussi bien pour la bourse des parents que pour l’enfant qui voit ses droits au repos et à la détente spoliés. Ce bourrage de crâne est non seulement anti pédagogique, mais rend l’apprentissage rebutant pour l’enfant, et c’est là qu’interviennent les ministères de la Jeunesse et des sports, de la Culture, le mouvement scout et les étudiants des écoles des cadres pour occuper utilement et agréablement les enfants, chacun, selon son penchant pendant le temps libre et les soustraire ainsi aux dangers de la rue et de ses influences néfastes. Au stade du primaire, l’enfant a beaucoup plus besoin de jeux et de détente. L’obliger à suivre des cours particuliers est un crime contre l’enfance. L’autorité de tutelle doit sévir en infligeant des amendes consistantes à retenir sur le salaire du contrevenant et penser même à sa radiation en cas de récidives répétées, car s’il n’arrive pas à faire parvenir à l’élève le message en séance normale c’est qu’il n’est pas apte au métier d’enseignant. Ceci nous amène à parler de la formation des enseignants et des écoles que nous souhaitons.
Le baccalauréat est-il suffisant comme diplôme pour un poste d’instituteur ? de même une maîtrise ou une licence sont-elles une condition suffisante pour un poste de professeur de collège ou de lycée ? Le CAPES est-il déterminant et assure-t-il l’aptitude au métier d’enseignant ?
Nous pensons que non, il faut rétablir l’École normale des instituteurs pour les bacheliers et l’école normale supérieure pour les professeurs, la durée de formation pour les enseignants du primaire sera de deux ans après le bac et d’une année pour les enseignants du secondaire après la licence ou la maîtrise. En plus des matières essentielles à enseigner pour les uns et les autres, ils doivent prendre connaissance des travaux de pédagogue comme Montessoir Foucambert, Grosselui, Nicolas Adam, De Croly, Piaget, Meuret, Durkheim, Dewey… les discuter et s’en imprégner. Cela améliorera leur performance et leur aptitude au métier d’enseignant et d’éducateur. Ils auront durant leur formation à assister à des leçons modèles et à en donner aussi.
Toutes les compétences et les sommités, qui peuplent le monde —Tunisie y compris— sont le produit de l’école publique, il faut la maintenir, la consolider, et lui assurer toutes les conditions pour un développement progressif.
Une remarque : les centres de formation professionnelle aux structures récentes et fonctionnelles, n’ont pas remplacé avantageusement, les collèges et lycées techniques du siècle dernier,.Ils donnent plutôt l’impression d’être des aires de récupération des refoulés de l’enseignement. Il faut les revaloriser en les transformant en collèges et lycées techniques qui constitueront un choix supplémentaire, multidisciplinaire où l’on enseignera le dessin technique, le tournage, le fraisage, le perçage, la soudure et les métaux d’apport, pour la maintenance des machines, la conception des moules pour l’estampage des métaux ou du plastique. On y enseignera aussi l’électricité, le bâtiment, l’électronique, l’électromécanique, les fluides,… et créer les filières correspondantes au stade universitaire pour les plus méritants.
Il faut aussi s’occuper des infrastructures. Il est inadmissible que des classes de lycée n’ont pas de vitres aux carreaux des fenêtres, que les murs soient fissurés et suintent, où les professeurs travaillent dans des conditions déplorables et les élèves souffrent. Il est inacceptable de voir, aujourd‘hui, des écoles primaires qui n’ont pas de toilettes ou d’eau courante, et plus dangereux encore n’ont pas de mur d’enceinte. Inutile de rappeler que dans l’une d’elles, une fillette a été agressée dans les toilettes, sans compter le danger des chiens errants.
Jamel Eddine Bouachba