Andrew Dudum : La révolte en héritage et la guérison en vision

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“Quand je regarde le système de santé, rien dans cette expérience ne me plaît. C’est froid, ça n’est pas du tout personnalisé, ça vous fait perdre votre temps et votre argent, et ça vous donne l’impression d’être malade. Je suis convaincu que dans les dix prochaines années, ça va changer. Les gens vont investir leur argent dans des marques et des expériences qu’ils aiment.”

Par Dr Sami Ayari

 Au sommet d’un empire de 3 milliards de dollars, Andrew Dudum a libéré la santé d’un système figé, la glissant, fluide et digitale, dans les poches de millions d’Américains. Maintenant, imaginez ce même homme allumant une étincelle qui embrase le monde avec un seul tweet. Voici Andrew Dudum : un Palestino-Américain de 36 ans, PDG de Hims & Hers Health, Inc., un titan de la télésanté qui transforme des tabous, chute de cheveux, dysfonction érectile, anxiété, perte de poids, en soins accessibles via des consultations en ligne et des colis discrets. Mais en mai 2024, ce génie audacieux s’est aventuré dans un brasier qui risque de tout dévorer.

 Un fils de réfugiés, né pour défier
San Francisco, 1988. Andrew Dudum naît dans une famille palestinienne taillée par l’exil. Grands-parents chassés par la Nakba de 1948, parents liés à Gaza et à la Cisjordanie, leur histoire est un alliage de fer et de feu. Chez les Dudum, plier n’a jamais été une option. Son père a bâti un cabinet d’avocats à la seule force de sa volonté. Avant lui, ses aïeux avaient déjà érigé des empires sur les décombres de l’histoire. Chez lui, la résilience semble héréditaire.
À Wharton, il ne suit pas les règles : il les contourne, les défie, les démonte. Pendant que d’autres révisent, lui bricole une plateforme de prêt en ligne. Jusqu’au jour où l’université le renvoie. Un revers pour certains, une opportunité pour lui. Ce départ forcé devient sa couronne. “J’ai une puce sur l’épaule”, lâche-t-il, regard fixe, presque incandescent. Une révolte ancienne l’habite, celle qu’on ne choisit pas, qu’on hérite.
En 2017, il frappe fort avec Hims : un uppercut à un système médical qu’il méprise, des soins pour hommes livrés en secret, loin des jugements. Hers suit, élargissant le combat aux femmes. Aujourd’hui, Hims & Hers connecte 1,7 million d’abonnés à des médecins virtuels, expédie près de 100 produits de l’anxiété à la peau, engrange 870 millions de dollars de revenus et vise une valorisation de 3 milliards en 2025. Dudum ne se contente pas de soigner ; il veut «dynamiter la porte» d’un colosse de 4 trillions de dollars. «Près de 80% des comtés ruraux américains manquent de médecins. On ne peut plus faire semblant. Nous sommes cette nouvelle porte d’accès», déclare-t-il, en entretien avec Aaron, définissant Hims & Hers comme le «front door» d’un système à réinventer.
“En arrière-plan, un mépris sain pour l’autorité a toujours habité mon esprit… J’étais entouré de mentors qui étaient leurs propres patrons. Ils avaient la confiance qu’ils pouvaient y arriver, et un chemin traditionnel ne leur a jamais été offert. Alors, ils ont tracé leur propre voie. J’avais une rage au ventre pour me prouver à moi-même que je pouvais faire de même, et ça ne m’a jamais quitté”.

Une révolution pandémique et une vision obsédée par l’accès
La pandémie propulse Hims & Hers sous les projecteurs, la télésanté devenant une bouée dans un monde confiné. Mais Dudum voit plus loin que la vague : il veut briser les chaînes d’un système défaillant. «Il y a encore tant d’obstacles : l’accès, le prix, la stigmatisation, l’éducation, le manque de choix. Alors, nous creusons plus profond, élargissons nos spécialités, enrichissons nos offres et nos technologies pour bâtir la confiance. Chez Hims & Hers, vous trouvez non seulement l’accès, mais les meilleurs soins cliniques», assène-t-il, la voix tranchante.
Hims désarme les stigmates masculins, des pilules glissent dans les boîtes aux lettres, sans regards indiscrets. Hers offre aux femmes un refuge, avec des thérapies mentales gratuites en ligne là où l’esprit reste un luxe. L’IPO récente et une inclusivité assumée portent un rêve : «Que chaque personne, peu importe son genre ou son lieu, ait une porte vers des soins dignes», martèle-t-il, un mantra devenu stratégie.
“Hims & Hers a prouvé que la plupart des normes peuvent être brisées. Ce qu’on attend ne doit pas forcément se réaliser. La plupart des pratiques sont considérées comme optimales simplement parce que rien de meilleur n’a encore émergé.”

Un tweet qui fait trembler les murs
Mai 2024. Les campus américains s’enflamment : 2 000 arrestations, gaz lacrymogènes, barricades, cris pro-palestiniens. Dudum, dont le sang pulse encore pour Gaza, dégaine un tweet comme une arme : «Si vous protestez contre le génocide des Palestiniens et pour le désinvestissement d’Israël, continuez. Ça marche. Courage moral > diplôme universitaire. Des PDG veulent vous embaucher, peu importe votre diplôme.» Un lien vers les jobs de Hims & Hers ponctue le défi.
L’explosion est immédiate. Sur X, la rage déferle : «Hims embauche des antisémites», s’écrie un utilisateur. «Boycottez-les» lance Ben Domenech. Joe Lonsdale rétorque : «Le courage, ce n’est pas hurler avec une foule qui bloque des étudiants juifs.»
Piers Morgan, dans le New York Post, cogne : «Dudum n’est qu’un ‘dud’, un raté par définition. Les entreprises woke finissent broke. Hims & Hers en est la preuve.» Les abonnés désertent, le titre chute de 8%, 210 millions de dollars s’évaporent en un jour. Dudum, paria de Wall Street, reste inflexible.

Un cri né dans les ruines
«Ce tweet n’est pas une erreur. C’est un cri», murmure-t-il. En novembre 2023, alors que Gaza compte 33 000 morts sous les bombes, il avait déjà tonné sur son blog, réclamant un cessez-le-feu, fustigeant les soutiens d’Israël. Sur Medium, il se livre : «Un père, fils de survivants de l’Holocauste et de réfugiés de la Nakba.» Chaque mot tremble de douleur, un écho des siens sous les décombres. «Je ne peux pas rester silencieux quand mon peuple souffre», confesse-t-il, déchiré entre son empire et ses racines. Ce tweet est sa guerre intime. Mais à quel prix ? Hims & Hers vacille, son image se fissure.

Le génie au bord du gouffre
À San Francisco, entouré de sa tribu, cousins, conseillers, sœur dans le capital-risque, Dudum est une tempête vivante. Il pactise avec Thiel et Andreessen, forge avec Atomic Labs, parie sur une IA qui vaincra l’obésité d’ici 2025. «L’innovation ne s’arrête pas aux pilules, elle doit transformer des vies», proclame-t-il. Hims & Hers recrute des pointures comme le Dr Patrick Carroll, lance des traitements anti-obésité en 2024, défie les géants. «Ils me traitent de raté. Je ne construis pas pour plaire, je construis pour durer», réplique-t-il, défiant ses détracteurs. «Faites ressentir quelque chose», ordonne-t-il à ses équipes. Il y excelle trop, peut-être.

Un empire en feu, un homme debout
Andrew Dudum est un paradoxe incandescent: bâtisseur d’une santé numérique, PDG aux tweets incendiaires, soignant le monde tout en criant pour les siens. Peut-on régner sur un empire et porter une cause sans s’immoler ? Peut-on tenir l’innovation d’une main et la justice de l’autre ? Le feu lèche ses talons, mais il ne plie pas. Si les flammes le consument, un autre empire renaîtra des cendres car Dudum ne s’arrête jamais. Le monde regarde, suspendu à ce titan en sursis. Visitez forhims.com et forhers.com pour découvrir cette révolution qui redéfinit la santé.

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