Le grand homme de théâtre Anouar Chaâfi vient de tirer sa révérence ce mercredi 30 avril 2025. Avec son départ, la scène culturelle vient de perdre une figure incontournable du théâtre expérimental en Tunisie. Formé à l’Institut supérieur des arts dramatiques de Sofia, en Bulgarie, il entame sa carrière à la fin des années 1980 avec une vision novatrice du théâtre, centrée sur le corps, l’image et l’expression libre.
En 1989, il fonde à Médenine une troupe de théâtre expérimental, puis crée en 1992 le Festival national du théâtre expérimental, devenu depuis un rendez-vous majeur pour les amateurs de création contemporaine. Il est également le fondateur et directeur du Centre des arts dramatiques et scéniques de Médenine, qu’il transforme en véritable laboratoire de recherche théâtrale.
Tout au long de sa carrière, Anouar Chaafi met en scène plus d’une vingtaine de pièces marquées par une forte exigence esthétique et une exploration profonde des thèmes de la mémoire, de l’identité et des rapports entre science et humanité. Parmi ses œuvres les plus marquantes figurent Le Cauchemar d’Einstein et Notes sur une bande mémoire, deux spectacles salués pour leur audace formelle et leur portée philosophique.
Il a aussi occupé d’importantes fonctions dans les institutions culturelles tunisiennes, notamment en tant que directeur général du Théâtre national tunisien entre 2012 et 2014, et plus récemment en tant que sous-directeur au ministère des Affaires culturelles.
En 2022, il est honoré au Festival international du théâtre expérimental du Caire pour l’ensemble de son œuvre. Deux ans plus tard, en mars 2024, il traduit en arabe le message officiel de la Journée mondiale du théâtre, rédigé cette année-là par le dramaturge norvégien et prix Nobel Jon Fosse.
Rappelons que le défunt avait mené un long combat contre la maladie.
Paix à son âme.