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Critiqué de toutes parts, le géant à la pomme croquée vient d’annoncer un assouplissement des conditions d’utilisation de son magasin d’applications.
Habituellement, la rentrée d’Apple est marquée par les annonces de nouveaux produits. Nouvel iPhone, nouvelle tablette… Celle-ci est quelque peu différente. Confronté depuis des mois à une fronde mondiale sur les conditions d’utilisation de l’App Store, son magasin d’applications, le géant à la pomme croquée a décidé de faire des concessions. Au moins sur une partie des revendications. En attendant que les autres litiges soient réglés, comme celui qui l’oppose, aux Etats-Unis, au géant américain des jeux vidéo Epic Games (Fortnite), le groupe de Tim Cook, qui était sous le coup d’une enquête des autorités japonaises, a accepté de laisser certaines applications inclure un lien vers leur site Internet en dehors de l’App Store. Un début de révolution du côté de Cupertino.
*Qu’est-ce que les autorités japonaises reprochaient à Apple ?
L’autorité de la concurrence japonaise (JFTC) avait ouvert en 2016 une enquête sur le fonctionnement de l’App Store en s’inquiétant de possibles pratiques anti-concurrentielles. De fait, toutes les applications présentes dans le magasin numérique du géant américain (1,8 million à l’échelle mondiale) doivent utiliser son système de paiement avec une commission. Sans exception. Apple prélève entre 15% (pour les business de moins d’un million de dollars par an) et 30% sur le montant d’un achat ou d’un abonnement.
Qui plus est, les créateurs ne peuvent pas renvoyer vers leur site Internet. L’App Store, qui a rapporté 41,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires au premier semestre 2021 selon SensorTower, est maîtrisé par le groupe de Tim Cook. Ce qui peut constituer, de fait, une situation de monopole pour le groupe qui équipe avec ses produits plus d’un milliard d’êtres humains.
*Qu’est-ce qu’Apple a accepté de changer ?
Le fabricant de l’iPhone a accepté que les utilisateurs puissent désormais souscrire et gérer leur abonnement sans passer directement par le système de paiement d’Apple. Cette décision a une conséquence directe à la fois pour les développeurs et les utilisateurs. Pour les développeurs, c’est un changement majeur puisqu’ils n’auront plus nécessairement à payer la commission sur chaque abonnement souscrit via l’App Store. Les utilisateurs auront eux le choix de payer l’éditeur de l’application soit dans l’App Store, soit en se rendant directement sur son site internet.
Ce nouveau système sera disponible début 2022, et à l’échelle mondiale. « Le temps de faire les développements nécessaires », explique-t-on du côté du groupe à la pomme croquée. Cette mise à jour ne concerne toutefois pas toutes les applications mais uniquement celles de « lecture », c’est-à-dire les contenus payés une seule fois ou sous forme d’abonnement : musiques, séries, films, journaux, livres… Les géants comme Netflix et Spotify vont profiter de ces avantages mais pas d’autres comme ceux de l’industrie du jeu vidéo. Leurs créations sont généralement gratuites et seuls les biens virtuels sont vendus à l’intérieur de leurs univers. Ces In-App purchase (achats à l’intérieur d’une application gratuite) ne sont donc pas concernés.
*Tout est-il réglé pour Apple ?
Si la fin de cette enquête est une bonne chose pour Apple, elle ne représente qu’un problème parmi tant d’autres pour la plus grosse capitalisation mondiale. D’autres échéances bien plus importantes attendent le groupe, et notamment ses litiges en Corée du Sud, en Europe et aux Etats-Unis. En Corée du Sud, un projet de loi a été adopté afin d’imposer au groupe de Tim Cook d’autoriser d’autres systèmes de paiement au sein de l’App Store.
En Europe, c’est la Commission européenne, saisie par plusieurs groupes comme Spotify, qui a ouvert une enquête. Bruxelles étudie l’impact sur la concurrence de l’utilisation obligatoire du système d’achat intégré d’Apple et sur les restrictions de la capacité des développeurs à informer les utilisateurs de solutions alternatives moins coûteuses en dehors des applications. Enfin, aux Etats-Unis, et c’est le plus gros dossier, Apple est poursuivi par le géant américain des jeux vidéo Epic Games qui a attaqué devant un tribunal californien le fabricant de l’iPhone. Il cherche tout simplement à obtenir la fin de la commission prélevée par Apple sur les applications payantes de l’App Store… Le délibéré est attendu dans les jours qui viennent et pourrait faire trembler Cupertino.
L’Express