Appel au Chef du gouvernement: un plan d’urgence pour sauver le tourisme en 2017

Par Houssem Ben Azouz*

En conséquence de l’inertie et du manque d’imagination de toutes les parties tunisiennes concernées par le tourisme, les tours opérateurs majeurs européens ont décidé de ne pas programmer la destination Tunisie jusqu’au mois d’octobre 2016. Il faut donc s’attendre à une poursuite de la dégringolade des entrées des européens durant le reste de l’année 2016. Si aucune mesure d’envergure n’est prise en 2016, la chute se poursuivra en 2017 avec les conséquences graves qu’on connaît : fermetures d’hôtels, faillites d’agences de voyages, chômage d’employés … La crise du tourisme continuera également a avoir un impact négatif sur les autres secteurs liés directement ou indirectement au tourisme : transport, artisanat, agriculture, construction, banques… Les mesures préconisées à ce jour par l’autorité de tutelle sont en deçà des attentes et des besoins du secteur. Aucun signal fort (comparé aux initiatives agressives des marocains, turcs et égyptiens) n’a été adressé aux tours opérateurs européens pour les encourager à maintenir ou reprogrammer la destination Tunisie. On a préféré perdre son temps et son énergie dans des solutions inadéquates comme prospecter les marchés chinois, iranien et irakien. Autant dire baisser les bras part rapport aux marchés traditionnels européens. Certes la bataille n’est pas facile et nécessite des efforts titanesques, encore faut il avoir la volonté de l’entamer et adopter les bonnes visions et démarches stratégiques. Le sauvetage du secteur touristique tunisien passe par une volonté politique forte au plus haut niveau de l’Etat pour la mise en place d’un plan d’urgence assorti de mesures concrètes applicables tout de suite selon un calendrier bien défini. Ce plan d’urgence doit obligatoirement impliquer les sept parties suivantes : – Ministre de l’intérieur pour le volet sécuritaire : Quel dispositif sécuritaire a t’on mis en place ? Quelle communication à ce sujet ? Crucial pour regagner la confiance perdue. – Ministre des Affaires étrangères : quelle diplomatie pour lever les restrictions, britanniques par exemple ? – Ministre du transport : comment remplacer la programmation aérienne annulée par les tours opérateurs européens ? Quel rôle historique et crucial doivent jouer les deux compagnies Tunisair et Nouvelair ? Quel soutien doit-on leur apporter dans cet effort exceptionnel ? Subventionner les sièges avions ? – Ministre du Tourisme : Quelle communication adopter pour mettre en confiance la demande européenne et ressusciter l’intérêt ? Communication classique ou inventive ? – Ministre des finances : Est-il judicieux de baisser en temps de crise les moyens financiers et budgétaires de l’autorité de tutelle ? Quels encouragements et moyens budgétaires à mettre en place pour faire face à cette crise exceptionnelle qui risque d’être durable? – Ministère de l’environnement : quel dispositif de propreté doit on mettre en place pour ne pas décevoir les touristes qui feront le choix de venir passer leurs vacances en Tunisie ? – Professionnels du secteur : hôtels, agences de voyages, tours opérateurs tunisiens installés en Europe, tours opérateurs européens qui croient encore dans la destination Tunisie (oui il en existe encore) : en effet la demande ressuscitée doit trouver une offre adéquate et qualitative ? Car il n’est pas impossible de se retrouver cette saison ou en 2017 avec une pénurie d’offre d’hébergement et de transport terrestre vu le nombre croissant de fermetures d’hôtels et de faillites des prestataires de services locaux ? La réussite de ce plan d’urgence doit impliquer les sept parties mentionnées ci-dessus, qui doivent travailler en harmonie et en toute efficacité. L’absence ou la traine d’une des parties condamnera tout le processus. Certes le tourisme ne représente plus aujourd’hui que 7% du PIB national (probablement moins en 2016), mais dans certaines régions il représentait plus de 50% du PIB local. A Djerba, Mahdia ou Tozeur…on est presque à zéro maintenant. Le Groupement Professionnel du Tourisme Conect propose l’organisation le plus rapidement possible d’un Conseil Ministériel restreint suivi d’Assises du Tourisme rassemblant toutes les parties concernées pour aboutir à la mise en œuvre du plan d’urgence tourisme 2016/2017.

*Houssem Ben Azouz Président du Groupement Professionnel du Tourisme CONECT

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