Apprendre plutôt que donner, instruire davantage que planter

Par Aïssa Baccouche 

« Ne me donnez pas du poisson, mais apprenez-moi les techniques de la pêche ».

« Quand vous plantez une graine une fois, vous obtenez une seule et unique récolte. Quand vous instruisez les gens, vous en obtenez cent ».

Ainsi parlait Confucius (551 Av. J.C – 479 Av. J.C)

La sagesse chinoise est intemporelle. Elle transcende les siècles et les espaces. Parce qu’elle est fondée sur le bon sens qui, comme le claironnait le philosophe français René Descartes (1596-1650), est la chose la mieux partagée par les humains.

Le savoir et les techniques – l’on parle aujourd’hui de technologies dont le dernier avatar est l’intelligence artificielle – sont les deux leviers du progrès.

Le pays du tiktock et du Huawei en est, aujourd’hui, le dépositaire.

En vérité, elle l’a toujours été. Le prophète Mohammed (570 – 632) avait dès le 7ème siècle exhorté les hommes et les femmes à aller acquérir le savoir auprès de l’empire du Milieu.

Le tunisien Ibn Khaldoun (1332-1406) lui a emboité le pas dans ses célèbres prolégomènes en insistant auprès de ses coreligionnaires pour qu’il voyagent pour s’instruire.

Dans le 33ème chapitre de cet opus il renforce même le trait : « le voyage pour les apprenants est indispensable pour gagner en compétences et pour atteindre la plénitude ».

C’est lui, notre maître à penser en sociologie comme en urbanisme qui connaissait la Chine pour l’avoir inscrite dans le premier district de la planète qui en compte selon lui, sept, qui parle de la langue du pays le plus avancé et qui est prisée par tous les autres. C’est la raison pour laquelle mon fils, Aziz, détenteur d’une maîtrise en Chinois, avait prôné il y quelques temps d’élever le Mandarien au rang de première langue étrangère en Tunisie.

Si cela se réalisait, les rapports entre nos deux pays prendront une autre dimension tant il est vrai que la langue est un lien indélébile.

Un autre lien pourrait advenir si la proposition que j’avais développée en 2008 dans le journal international – jeune Afrique – sous le titre de « ENFIDHA, capitale de la Tunisie au 21ème siècle », prenait corps.

A travers ce choix géographique il est indéniable que les Tunisiens regarderaient vers l’EST, c’est-à-dire là où se lève le soleil.

Déjà au début des années 60, avant même la visite à Tunis en 1964 de M. Chou en Lai et le scellement avec le président Bourguiba, des relations diplomatiques, l’un de nos prédécesseurs dans le mouvement de la jeunesse, devenu plus tard ministre de l’information feu Mahmoud Maamouri avait écrit, à son retour d’un voyage d’étude en Chine, un opuscule intitulé « Vent d’Est ».

Il avait pris une longue avance sur le livre qui allait faire un grand bruit, écrit par Alain Peyrefitte (1925-1999) et qui portait un titre prémonitoire : « Quand la Cchine s’éveillera ».

Eh bien le futur, employé par l’ancien ministre français, est devenu présent.

La Chine déroule désormais sa route de la soie qui-nous-y voilà – traverse le pays d’Hannibal pour aller en Europe et en Afrique.

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