Après la claque des législatives, Kaïs Saïed va-t-il au moins se remettre en question ?

Comme prévu, l'Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE) a annoncé le taux de participation définitif aux élections législatives du 17 décembre 2022. C'est un triste record, une première politique, que ce soit en Tunisie ou dans le monde. Depuis le 17 décembre, c'est silence radio du côté de la présidence de la République. Les quelques réactions à cette mascarade électorale ont émané des soutiens du chef de l'État, des mauvais perdants qui refusent de regarder la vérité en face.

C'est un véritable fiasco, une claque infligée à l'ISIE et au président de la République, Kaïs Saïed. Cette mascarade remet en cause toute la démarche qu'il a entreprise depuis quelques mois. Le 25 juillet 2021, les Tunisiens étaient heureux : ils étaient débarrassés de l'origine de leurs maux, à savoir les nahdhaouis. Aujourd'hui, ils sont confrontés à un mal tout aussi profond : la politique du Chef de l'État et sa tendance à n'en faire qu'à sa tête. Les douches froides, ces derniers temps, ont été nombreuses : report de l'examen du dossier de la Tunisie par le FMI, législatives, inflation, la pénurie de certains produits de base, la hausse des prix du carburant…

"Saïed yourid"

Mais au fait, qu'est-ce qui fonctionne comme il faut dans notre pays aujourd'hui ? Inutile d'être un manitou de la politique pour le savoir. La démarche du président est mauvaise et ça se confirme au fil des mois : à force de vouloir faire ce qu'il a en tête et d'ignorer les recommandations de ces conseillers, il n'a fait qu'aggraver la situation, surtout sur le plan économique. Le fameux "Echaab yourid" – le peuple veut – du Chef de l'État est totalement dénué de sens. En réalité, il s'agit plutôt de "Saïed Yourid".

Kaïs Saïed est un homme intègre et propre. Il n'y a rien à dire la-dessus, mais lorsqu'il s'agit de gérer un État et de gérer la crise, les derniers mois ont montré son incapacité à endosser le costume de président de la République. Il se contentait de prononcer des discours à tout-va, parlant de "complots" et promettant de restituer au peuple son argent spolié. L'échec des législatives du 17 décembre 2022 est la goutte qui a fait jaser le vase.

Un échec pour Kaïs Saïed et pour la classe politique 

Si, aujourd'hui, le Chef de l'État ne se remet pas en question, si son équipe ne se remet pas en question, alors on est bien parti pour vivre des années "difficiles" – pour ne pas employer d'autres termes, histoire de rester, quand même, positif et objectif- jusqu'en 2024. Kaïs Saïed doit s'interroger sur ce qu'il a dit et fait. Certaines composantes de la société civile l'ont carrément appelé à présenter sa démission, comme le collectif Soumoud ce mardi.

Les législatives représentent l'échec qui traduit le ras-le-bol des citoyens tunisiens du comportement impulstif du président de la République à la tête de l'État. Un ras-le-bol de la classe politique dans son ensemble. Celle-ci, depuis 2011, enchaîne les échecs et n'a cessé de décevoir un Tunisien qui n'aspire qu'à une chose : vivre dignement et librement.

Liberté de la presse menacée, un État au bord de la faillite, une Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) qui ne représentera, en fin de compte, presque aucun Tunisien… L'heure, monsieur le président, est à la remise en question et à l'auto-critique. Espérons que nous n'aurons pas le droit à l'une de ces fameuses sorites médiatiques où il va dénoncer des complots et l'absence d'argent sale pour expliquer l'échec des législatives, comme l'a fait Farouk Bouasker, président de l'ISIE… 

Fakhri Khlissa

Related posts

Affaire du complot : Qui sont les accusés en fuite ?

Affaire du complot : Voici les peines prononcées !

Retour en images sur la cérémonie du 69e anniversaire des forces de sécurité intérieure