L’assassinat, mercredi dernier, par des terroristes des dessinateurs stars de Charlie Hebdo, à savoir Charb, Wolinski, Cabu, Tignous et Honoré a provoqué émotion, réprobation mais aussi des questionnements. Même ceux qui n’ont jamais lu ce journal ou partagé ses excès, ont subi un choc terrible, piqué une colère noire, exprimé une profonde tristesse et un élan de solidarité spontané et sincère.
Très vite, fort heureusement, on s’est rendu à l’évidence que la liberté à un prix et que l’on ne peut l’achever en achevant un journaliste, qu’on ne l’extermine pas en tuant froidement toute une équipe.
Ce qu’on n’a pas manqué de comprendre, c’est que c’est toute la presse qu’on a voulu assassiner, faire taire. La communauté des journalistes a été en ligne de mire et la liberté d’expression a été visée par cette attaque terroriste dont l’onde de choc a été planétaire.
Ce que ces terroristes ont oublié, c’est qu’en décapitant l’équipe de Charlie Hebdo, on n’achève pas pour autant un journal ou la liberté d’expression, bien au contraire on renforce l’engagement des hommes de médias pour la liberté et pour toute expression libre. Charb, qui a longtemps vécu sous la menace, était prémonitoire quand il affirmait qu’il préfèrait « mourir débout que de vivre à genoux ».
Pour nous journalistes, cette épreuve difficile ne fait que renforcer notre résolution, notre façon d’aborder les problématiques qui interpellent le plus dans nos sociétés. Ces moments extrêmement difficiles et tristes nous confortent dans notre choix de ce métier, où le danger et le risque sont partout présents et permanents. Parce qu’on est conscient que « la liberté n’est pas l’absence d’engagement, mais la capacité de choisir ».
Pour cette raison objective, les événements tragiques survenus dans les locaux d’un média libre et indépendant, nous ont plongés dans la tristesse, sans jamais avoir raison de notre volonté de poursuivre le combat qui habite chacun de nous. Un combat qui nous fait courir, de par notre mission d’informer en toute liberté et indépendance, bien des périls et risques que nous acceptons par respect à l’engagement moral et professionnel que nous avons pris délibérément.
Même dans le contexte particulier que nous vivons actuellement, avec son lot de recrudescence du risque terroriste et de foisonnement de groupes qui éprouvent une haine viscérale à toutes les idées et les expressions libres, la lutte pour la liberté, reste la cause qui rassemble et unit le plus grand nombre.
La multiplication, partout dans le monde, des attaques contre les journalistes montre à quel point les terroristes et les esprits obscurantistes ont peur de la liberté d’expression et de la liberté de presse.
La succession d’événements tristes nous pousse à tirer des enseignements majeurs pour venir à bout de cette hydre. Cela requiert, tout d’abord, de mettre un terme à tout laxisme en matière de respect des libertés en démontrant que l’islam cultive un humanisme intégral, la non violence et encore moins le terrorisme.
Eviter, ensuite, de tomber dans le piège facile de la stigmatisation de l’islam.
Exacerber les tensions communautaires et réveiller les vieux démons du racisme et du rejet de l’autre en période de crise, revient à jouer le jeu des extrémistes de tous bords qui font légion aussi bien dans nos pays qu’en Europe.
N.O